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jeudi 5 décembre 2013

La Mondialisation

On a d’abord parlé d’internationalisation suite au développement de relations économiques entre nations. Puis, dans les années 90, du fait de l’importance croissante de ces dernières, on a introduit le terme de mondialisation.

Toutefois ce n’est pas une (vraie) nouveauté car le monde a déjà connu différentes mondialisations : empire romain, croisades, empire ottoman, colonisation,…S’il y a des mondialisations, cela implique donc qu’il y a eu démondialisation.

Ce n’est pas un phénomène naturel ; chaque mondialisation a sa propre raison d’être : politico-militaire, religieuse, politico-culturelle et aujourd’hui économique.




Le taux d'ouverture

Un des nombreux indicateurs économiques utilisés pour mesurer l’importance du reste du monde dans l’économie d’un pays est le taux d’ouverture.
Comment l’interpréter ? Avec un taux d’ouverture de 0%, le pays est en autarcie tandis qu’à l’autre extrémité il dépend entièrement des échanges internationaux.
La "bonne" moyenne serait comprise entre 15 et 25%.

Le graphique ci-dessous met en parallèle le taux de croissance (du PIB) et l’évolution du taux d’ouverture en France. 


Apparemment, nous sommes face à une crise des ciseaux : le taux d’ouverture augmente (économie mieux intégrée dans la mondialisation) mais le taux de croissance diminue. Faudrait-il revenir au protectionnisme de masse ? Non, cela semblerait inopportun. Malgré l’éloquence de ce graphique, il me semble que la mondialisation n’est pas coupable. Du moins pas totalement.
Je remarque que plusieurs autres sites d’informations affichent un graphique similaire (de 1950 à aujourd’hui). Pourtant, la réalité est plus complexe et autant vous le montrer en image, en élargissant la période au Second Empire (malheureusement je ne dispose pas de toutes les informations, ce qui explique l’absence de données pendant les deux grandes guerres).

Cela va peut-être vous surprendre mais, en France, le taux d’ouverture d’aujourd’hui est très proche de celui de la seconde moitié du XIXe siècle. Comme quoi…

 

Mondialisation, démondialisation, mondialisation

Le dernier graphique laisse apparaître trois périodes :
  • De 1850 jusqu’à la première guerre mondiale : la révolution industrielle est suivie par une mondialisation. L’alliance de nouveaux systèmes d’information et d’énergie permet d’accélérer la production tout réduisant les coûts de transport.
  • Durant la période d’entre deux guerres, la démondialisation est à l’œuvre avec un effondrement du commerce international et de la production (non militaire) ; c’est aussi le retour du protectionnisme.
  • Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, une nouvelle mondialisation est à l’œuvre avec le rattrapage de l’Europe et du Japon, la création de l’OMC et la libéralisation des échanges (commerciaux et financiers surtout). Les taux de croissance crèvent l’écran pendant les 30 glorieuses avant de revenir à un rythme presque stationnaire aujourd’hui.



Le taux d’ouverture : un indicateur exagérant l’importance du commerce international

La formule du taux d’ouverture est : 
[(Exportations + Importations) /2] / PIB
Si vous avez suivi ma petite leçon sur le PIB (cf.l’épisode 0 de la saga de la croissance), vous aurez peut-être retenu que le PIB est une somme de valeur ajoutée (valeur de la production diminuée du coût des produits intermédiaires). Les exportations et les importations, elles, sont évaluées en chiffre d’affaires (le prix de vente de la production). L’indicateur est donc biaisé en donnant une importance plus élevée au commerce extérieur qu’à la production intérieure. Le vrai taux d’ouverture serait en réalité le quart du résultat.

Prenons un cas concret. Le taux d’ouverture, tel que calculé par la formule ci-dessus, serait de 28% en 2012 pour la France. Si l’on souhaitait mesurer le commerce extérieur de la même manière que la production intérieure, on atteindrait en réalité un taux d’ouverture d’environ 7% (28% divisé par 4).
Cette différence de calcul n’est pas négligeable car brandir un taux d’ouverture de 28% laisserait penser que le commerce extérieur avoisine le tiers de la production intérieure. En essayant de raisonner de manière plus juste, ce serait finalement moins de 10% de la production intérieure.



Et les échanges entre multinationales dans tout ça ?

Changeons d'éclairage. 
Avec le taux d’ouverture on raisonne en exportation et importation (nette). Or, de ce fait, on ne prend pas (ou peu) en compte les échanges entre firmes et la fragmentation de l’économie. On parle de chaînes de valeur.

Exemple : Un produit A est vendu par les États-Unis pour 500€. Il se compose d’un produit B (100€) fabriqué en Corée du Sud, avant d’être assemblé en un produit C (100€ de composants supplémentaires) en Chine puis exporté vers les États-Unis pour devenir le produit A. Qu’obtenons-nous en termes de statistiques du commerce international?
On cumulera des exportations de 100€ de la Corée du Sud, des exportations de la Chine pour 200€ (100+100 car on évalue le produit à sa valeur de vente) et des exportations américaines de 500€ car elle vend son produit A à l’étranger. Au niveau mondial, le commerce mondial sera évalué à 800€ (100€ de Corée du Sud+200€ de Chine+500€ des États-Unis) alors que le produit au total ne devrait compter que pour 500€ (100€ pour la Corée du Sud, 100€ pour la Chine et 300€ pour les États-Unis). 

Une chaîne de valeur mondiale

Comprenez-vous où je veux en venir ? L’importance du commerce international est clairement exagérée ici car les statistiques ne font aucune différence entre valeur marchande et valeur réellement ajoutée par le pays : on prend tout. Autrefois cela fonctionnait plutôt bien car les économies étaient peu imbriquées...mais ce n’est plus le cas. Autrement dit, les statistiques actuelles du commerce international ont la fâcheuse tendance à gonfler artificiellement les chiffres.

Heureusement les derniers travaux de l’OMC ont permis de publier le premier rapport sur la mesure du commerce internationale en valeur ajoutée. Et c’est important car on saura vraiment ce qu’il en est.

Selon F. Toubal lors des JECO2013: "Les filiales de groupes étrangers sur notre sol participent à hauteur de 25% de la Valeur Ajoutée industrielle française [sans compter les services qui n’ont pas encore été inclus]". Finalement, on était bien loin du compte...



Quelques moteurs de notre mondialisation

A la fin de la guerre, de nombreuses organisations ont vu le jour pour accélérer la mondialisation : en particulier l’Organisation Mondiale du Commerce (baisse du protectionnisme) et le FMI (stabilité du système monétaire).
Les multinationales jouent aujourd'hui un rôle de premier plan dans la mondialisation. Il faut savoir qu’environ 200 firmes contrôlent 65% de l’activité mondiale. 


Cette imbrication des Économies est une des caractéristiques majeures de la mondialisation actuelle : on parle du "Made in World".
Les multinationales, les organisations internationales et le capital internationalisé en sont devenus les principaux moteurs.

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