Aujourd’hui, on dit que l’économie
repart…mais rien n’a changé.
Dans le précédent article, il
était question des États-Unis. Re-traversons l’océan Atlantique et observons la
mécanique à l’œuvre chez nous…
La reprise
Le PIB et les capitalisations
boursières repartent ! Ça y est.
Certes le CAC40 n’a pas (encore) retrouvé sa
valeur de 2007 – on peut d’ailleurs se demander si elle avait du sens – mais on
remonte ! Les dividendes versés en 2013 n’ont jamais été aussi élevés.
La croissance du PIB n’explose
pas le plafond mais elle arrête de plonger et on s’attend au décollage !
L’inversion de la courbe du
chômage est à portée de main, on jubilerait presque !
Quelques graphiques pour
illustrer cette « reprise » :
En fait rien n'a changé
Vous vous rappelez de la crise
des Subprimes ? La titrisation, les banques systémiques menaçant l’Économie
en cas de pépin, la croissance payée par l’endettement des ménages privés et
tout le tralala ?
Nous n’avons pas tiré les
leçons de la crise car en 2014 nous en sommes au même point. Ou presque. La
pseudo séparation des activités de banques traditionnelles et d’affaires n’en
est qu’une incarnation…
Vous ne me croyez pas ?
La croissance par l'endettement
La croissance française en
2013 est nulle. Cela aurait pu être pire mais quand on est moins réceptif à cela lorsqu'on apprend que c’est un
endettement monstrueux, public comme privé, qui a permis d’arriver à ce
résultat médiocre :
En effet, la stagnation de la
croissance française a été obtenue à crédit. Il est important de noter que le
pouvoir d’achat a baissé mais que les français ont puisé dans l’épargne et
recouru au crédit pour conserver leurs niveaux de vie :
Les prix du logement (ou à la
location), eux, sont bien repartis alors qu’on les trouvait déjà trop élevés (admis au rang de frein à la compétitivité) :
Bref, une croissance nulle financée à crédit ; une telle performance me laisse plutôt amer.
L'embellie économique sans emploi
La courbe du chômage ne s’est
pas inversée comme l'illustre le graphique suivant :
Et encore, il ne s’agit que du
chômage mesuré au sens du BIT, car on pourrait atteindre le double si on y ajoute le halo du chômage et les chercheurs d’un emploi plus
stable et à temps plein.
La grande majorité des français sont inquiets pour le
marché de l’emploi comme l’indique le dernier Euro-baromètre :
A coté de cela, le pouvoir d’achat
baisse. De fait, il n’y a pas de miracle : sans débouchés pour les
entreprises, il ne peut y avoir d'emploi.
Pourquoi une entreprise embaucherait si le carnet de commandes ne bouge pas ?
Pourquoi une entreprise embaucherait si le carnet de commandes ne bouge pas ?
Cela dit, on n’a jamais autant
entendu autant de revendication de la part du MEDEF pour obtenir des cadeaux
fiscaux : baissez nos charges (soit en licenciant des fonctionnaires, soit en
augmentant la TVA) mais on ne vous
promet rien en retour. La situation est extrêmement favorable à ce genre de
démagogie…On peut quand même se demander où irait cet argent et comment cette politique
de l’offre (sans demande) serait financée – bien que j’ai mon idée sur la
question.
La création d'entreprises tirée vers le bas
J’ai été méchant : je ne
vous ai pas tout montré dans le graphique sur la création d’entreprises. Maintenant,
en voici un qui affiche la création d’entreprises sans les auto-entrepreneurs (suivez la courbe en rouge) :
Voilà qui change un peu la
donne quand on sait que 9 auto-entrepreneurs sur 10 gagnent moins que le SMIC
ou que le revenu moyen annualisé d’un auto-entrepreneur avoisine les 4000 euros
(ce qui revient au montant du RSA).
Certes, cela permet de sortir du chômage.
Certes tous les auto-entrepreneurs ne
travaillent pas à temps plein – en ramenant ce revenu au taux d’activité, on
arriverait presque au montant du SMIC – mais est-ce vraiment un choix de
travailler moins pour gagner moins ?
Encore une fois, cette analyse
ne fait que mettre en évidence la rupture en l’Économie réelle et l’Économie
financière.
Les ingrédients de la crise
dont nous nous extirpons à grande peine sont toujours là.
La prochaine crise, je ne la souhaite pas mais de toute évidence, elle aura lieu. Est-ce que l’amorce sera le crédit à la consommation ? Ou peut-être les prêts étudiants dont les diplômés doivent affronter un chômage des jeunes au sommet ?
La prochaine crise, je ne la souhaite pas mais de toute évidence, elle aura lieu. Est-ce que l’amorce sera le crédit à la consommation ? Ou peut-être les prêts étudiants dont les diplômés doivent affronter un chômage des jeunes au sommet ?
Le FMI a d’ailleurs mis en
garde les différentes nations contre les risques d’une deuxième crise car les
peuples n’accepteront plus de se serrer davantage la ceinture alors qu’ils
baissent déjà leurs pantalons.
Tant qu'on continuera à courir après des indicateurs d'un autre temps (la croissance du PIB), nous n'arriverons pas à sortir (tous) de ce carcan.
Tant qu'on continuera à courir après des indicateurs d'un autre temps (la croissance du PIB), nous n'arriverons pas à sortir (tous) de ce carcan.
1 commentaire:
Excellent article, merci :)
Enregistrer un commentaire