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mardi 7 janvier 2014

France 2013 : rien n'a changé

On nous promettait de tirer les leçons de la débâcle économique et financière. "Juré, craché" on encadrera mieux la finance et on fera tout pour éviter que cela se reproduise.
Aujourd’hui, on dit que l’économie repart…mais rien n’a changé.

Dans le précédent article, il était question des États-Unis. Re-traversons l’océan Atlantique et observons la mécanique à l’œuvre chez nous…
 



La reprise

Le PIB et les capitalisations boursières repartent ! Ça y est.

Certes le CAC40 n’a pas (encore) retrouvé sa valeur de 2007 – on peut d’ailleurs se demander si elle avait du sens – mais on remonte ! Les dividendes versés en 2013 n’ont jamais été aussi élevés.
La croissance du PIB n’explose pas le plafond mais elle arrête de plonger et on s’attend au décollage !
L’inversion de la courbe du chômage est à portée de main, on jubilerait presque !

Quelques graphiques pour illustrer cette « reprise » :
 



En fait rien n'a changé

Vous vous rappelez de la crise des Subprimes ? La titrisation, les banques systémiques menaçant l’Économie en cas de pépin, la croissance payée par l’endettement des ménages privés et tout le tralala ?

Nous n’avons pas tiré les leçons de la crise car en 2014 nous en sommes au même point. Ou presque. La pseudo séparation des activités de banques traditionnelles et d’affaires n’en est qu’une incarnation…
Vous ne me croyez pas ?


La croissance par l'endettement

La croissance française en 2013 est nulle. Cela aurait pu être pire mais quand on est moins réceptif à cela lorsqu'on apprend que c’est un endettement monstrueux, public comme privé, qui a permis d’arriver à ce résultat médiocre :
 

En effet, la stagnation de la croissance française a été obtenue à crédit. Il est important de noter que le pouvoir d’achat a baissé mais que les français ont puisé dans l’épargne et recouru au crédit pour conserver leurs niveaux de vie :
 

Les prix du logement (ou à la location), eux, sont bien repartis alors qu’on les trouvait déjà trop élevés (admis au rang de frein à la compétitivité) :

Bref, une croissance nulle financée à crédit ; une telle performance me laisse plutôt amer.



L'embellie économique sans emploi

La courbe du chômage ne s’est pas inversée comme l'illustre le graphique suivant :

Et encore, il ne s’agit que du chômage mesuré au sens du BIT, car on pourrait atteindre le double si on y ajoute le halo du chômage et les chercheurs d’un emploi plus stable et à temps plein. 
La grande majorité des français sont inquiets pour le marché de l’emploi comme l’indique le dernier Euro-baromètre :

A coté de cela, le pouvoir d’achat baisse. De fait, il n’y a pas de miracle : sans débouchés pour les entreprises, il ne peut y avoir d'emploi. 
Pourquoi une entreprise embaucherait si le carnet de commandes ne bouge pas ?
Cela dit, on n’a jamais autant entendu autant de revendication de la part du MEDEF pour obtenir des cadeaux fiscaux : baissez nos charges (soit en licenciant des fonctionnaires, soit en augmentant la TVA)  mais on ne vous promet rien en retour. La situation est extrêmement favorable à ce genre de démagogie…On peut quand même se demander où irait cet argent et comment cette politique de l’offre (sans demande) serait financée – bien que j’ai mon idée sur la question.


La création d'entreprises tirée vers le bas

J’ai été méchant : je ne vous ai pas tout montré dans le graphique sur la création d’entreprises. Maintenant, en voici un qui affiche la création d’entreprises sans les auto-entrepreneurs (suivez la courbe en rouge) :

Voilà qui change un peu la donne quand on sait que 9 auto-entrepreneurs sur 10 gagnent moins que le SMIC ou que le revenu moyen annualisé d’un auto-entrepreneur avoisine les 4000 euros (ce qui revient au montant du RSA). 
Certes, cela permet de sortir du chômage. 
Certes tous les auto-entrepreneurs ne travaillent pas à temps plein – en ramenant ce revenu au taux d’activité, on arriverait presque au montant du SMIC – mais est-ce vraiment un choix de travailler moins pour gagner moins ?




Encore une fois, cette analyse ne fait que mettre en évidence la rupture en l’Économie réelle et l’Économie financière.
Les ingrédients de la crise dont nous nous extirpons à grande peine sont toujours là. 
La prochaine crise, je ne la souhaite pas mais de toute évidence, elle aura lieu. Est-ce que l’amorce sera le crédit à la consommation ? Ou peut-être les prêts étudiants dont les diplômés doivent affronter un chômage des jeunes au sommet ?

Le FMI a d’ailleurs mis en garde les différentes nations contre les risques d’une deuxième crise car les peuples n’accepteront plus de se serrer davantage la ceinture alors qu’ils baissent déjà leurs pantalons.

Tant qu'on continuera à courir après des indicateurs d'un autre temps (la croissance du PIB), nous n'arriverons pas à sortir (tous) de ce carcan.

1 commentaire:

Silverstone a dit…

Excellent article, merci :)