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jeudi 6 juin 2013

L’Etat de la France : Entre recommandations européennes et besoin d’investissement

C’est la douche froide pour notre patrie. 

La Commission Européenne trouve que la France n’en fait pas assez et lui demande de corriger les directions prises dans six domaines :
  • Réduire le déficit public et réformer les retraites,
  • Réformer le marché du travail et mettre en application l’Accord National Interprofessionnel,
  • Faire baisser le coût du travail et les charges sociales des employeurs. La commission ajoute que l’augmentation récente du SMIC a été une très mauvaise chose,
  • Libéraliser les services (énergies, transport,…) et les professions réglementées,
  • Améliorer la compétitivité des Entreprises,
  • Réformer et simplifier la fiscalité.

Si certaines « recommandations sont louables (en fonction de ce qu'on comprend par "réformer"), d'autres sont assez discutables sachant les difficultés dans lesquelles sont une majorité de français. Elles sont encore plus discutables quand on songe à l’avenir de la France que ce soit à court, moyen et long terme.
Le manque de démocratie au sein de la commission et les conflits d’intérêt (ou capitalisme de connivence) n’y sont sans doute pas étrangers.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, faisons un rapide état de la France.



L’Etat de France

Il y a bientôt 4 ans, j’ai écrit un article intitulé « La Reprise de l’Economie ? » où j’y évoquais la possibilité d’une économie en W. Cela n’a pas loupé.

Faisons le lien en reprenant les 5 indicateurs de l’article (j’ai remplacé « industries » par « investissements ») et en y ajoutant 2 autres composantes.


  • Le prix de l’Immobilier stagne mais les ventes chutent (-20% au premier trimestre 2013 depuis un an),
  • En termes de confiance, le moral des ménages se détériorent encore (environ -5% entre avril et mai 2013) et l’indicateur du climat des affaires (confiance des chefs d’entreprises) en fait tout autant (-4,5% entre janvier mai 2013).
  • Les investissements baissent (-0,8% au premier trimestre 2013),
  • La consommation recule (-0,1% pour le premier trimestre 2013): la situation économique morose et la baisse du pouvoir d’achat (-0,9% en 2012) sont sans doute en cause. Pour la petite histoire, la consommation d’énergie est une des seules composantes tirant la consommation…
  • Le déficit de la balance commerciale se creuse (+3% au premier trimestre 2013) : les exportations chutent plus vite que les importations,
  • Le chômage augmente (+0,2%) et s’établit à 10,4% des actifs (catégorie A),
  • Tout cela contribue au prolongement de la récession (-0,2% de croissance au premier trimestre 2013).

La demande et l’offre sont les cotés pile et face d’une même pièce. Les deux étant affectés, la France et l’Europe risque de s’enfoncer durablement dans la crise.

Bon, une fois cela dit, il est important de rappeler que nous ne sommes pas au plus bas et qu’il est possible d’inverser la tendance à moyen terme. Les français estiment, paradoxalement à tout cela qu’ils sont heureux à plus de 80% et précisent qu’en France, nous sommes bien mieux lotis qu’ailleurs. Comme quoi notre système peut rendre optimiste.



Le remède de cheval des « spécialistes » à la sauce « Consensus de Washington »

Les « experts » demandent, d’un coté, aux entreprises de licencier pour augmenter leurs profits et délocaliser pour capter la demande des pays à croissance et, d’un autre coté, au gouvernement de privatiser les services publics, de baisser les charges des entreprises, de baisser les impôts, d’augmenter les taxes sur la consommation (pour les particuliers), de diminuer le nombre de fonctionnaires et de durcir les conditions des retraites.

Une recette totalement indigeste pour la majorité de la population. Ce Gloubiboulga ressemble, à s’y méprendre, au Consensus de Washington.


Le Consensus de Washington, c’est quoi ?

Il s’agit d’un surnom de la « Politique d’Ajustement Structurel » qui est sensé sauver les pays lourdement endettés et les délivrer de la mauvaise dette publique. Elle se caractérise par trois opérations simultanées : libéralisation, privatisation et déréglementation.

Ces outils favorisent la compression des salaires, des dépenses publiques, des dépenses sociales et des subventions afin de rendre le pays plus compétitif vis-à-vis des autres pays. Mécaniquement, cela favorise les exportations au détriment de la consommation intérieure et des exportations.

On pourrait le paraphraser de la manière suivante : on appauvrit le pays pour mieux le placer dans le commercial international avec comme hypothèse sous-jacente que les autres pays s’enrichissent dans le même temps. Or cette dernière hypothèse n’est pas vérifiée dans la conjoncture actuelle : la majorité des pays européens appliquent des politiques d’ajustement structurel.

A ce petit jeu, les recommandations de la Commission Européenne risquent de provoquer un ajustement permanent de la zone Euro. Aux dernières nouvelles, le FMI a reconnu que le plan grec a provoqué de nombreux échecs (erreurs de diagnostic, erreurs de méthodologie, mauvaises "recommandations") mais les institutions européennes continuent de faire l'autruche.



Les investissements des entreprises, une des clés de sortie de la crise ?

Il est un indicateur que j’ai volontairement omis : le taux de marge des entreprises. Même s’il a plutôt stagné depuis 2 décennies et qu’il est assez bas en ce moment,  nous sommes heureusement loin du plancher du début des années 80.
Cela dit un point est frappant dans le comportement des entreprises : de manière générale, le taux d’investissement des entreprises baisse. Les impôts et la conjoncture influence les entreprises mais on ne peut pas ignorer cette chute sur la durée. Les économistes évoquent de plus en plus l’augmentation du coût du capital comme frein et cause principale de ce désinvestissement.

Le dernier magazine d’Alternatives Économiques présente les chiffres suivants :
De ce point de vue, les données sont éloquentes : à la fin des années 1980, les entreprises redistribuaient environ 30 % de leurs ressources financières (excédent net d'exploitation et dividendes reçus) ; aujourd'hui, c'est 80 % !

Cela pose la question de l’avenir de nos entreprises réduisant leurs investissements. Espérons que le Crédit Impôt Recherche permettra de stimuler l’investissement et la recherche de nos entreprises (et que cela ne soit pas juste un effet d’aubaine).


Les investissements d’aujourd’hui sont les investissements de demain et une des clés pour sortir de cette crise. Voilà le genre de recommandation que devrait donner la Commission.
La compétitivité hors-coûts est aussi une piste pertinente pour rétablir la santé de nos entreprises et l’Etat doit intervenir dans ce domaine en cas de faiblesse. Si la politique économique est bien coordonnée, la demande et l’offre repartiront de concert.

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