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jeudi 18 avril 2013

La Dette publique

Selon les théoriciens de la dette publique, il y aurait un effet de seuil au-delà duquel la croissance diminuerait. Le principal ratio de "soutenabilité de la dette" se mesure par un ratio entre le montant de la dette publique et le PIB annuel. Disons le tout de suite : ce ratio est d'ores et déjà contestable. La dette publique représente un stock de dette (sur plusieurs années) alors que le PIB représente la création de richesse sur un an...L'échelle de temps étant très différente, cela revient à mesurer des carottes avec des choux.

Quoi qu'il en soit, l’Union Européenne a décrété que ce seuil était de 60% dans le traité de Rome (traité instituant la Communauté Économique Européenne)
Aujourd’hui, la plupart des économistes convergent vers un seuil compris entre 90% et 100%. 
Au delà de ce seuil, on nous promet la croissance faible, la récession, la souffrance, la punition divine des marchés,...

Qu’en est-il ?

Einstein disait que quand on a la tête en forme de marteau on voit les problèmes sous forme de clous.

Pour la dette publique et la plupart des économistes, c'est la même chose sauf que c'est sous forme de boulets... (dans tous les sens du terme).



Un seuil arbitraire

A mon sens, ce seuil est subjectif. Je dirais même simplement...arbitraire. Pourquoi ? L’explication vient qu’en économie, il est assez aisé de faire dire aux chiffres ce qu’on veut bien entendre. C’est du moins ce que j’en ai déduit en préparant mon article sur les Chiffres en Économie.
Les informations étant de plus en plus partagées et accessibles, il est beaucoup plus facile de « contrôler » la méthodologie ou les données utilisées dans une étude. Les exemples de contre-analyse sont courants en ce moment ; on peut citer par exemple l’erreur de calcul du FMI (coefficient multiplicateur) ou, plus dans le contexte, l’erreur Excel et l’oubli de données dans l’étude sur le seuil de dette publique (« Growth in a Time of Debt » de Reinhart et Rogoff).
Et encore là, il ne s’agit que de corrections de chiffres, mais souvent on assiste à des corrélations curieuses pour justifier un fait économique. Un peu comme si on cherchait une corrélation entre le nombre d’œufs que vous mangez par mois et notre PIB (avec la bonne méthodologie, il serait assez simple de faire un pont entre les deux afin de vous demander d’arrêter de manger des œufs au nom de notre patrie ou au contraire d'en remplir votre frigérateur…enfin bref...).



La mesure du secteur public

Le problème de cet effet de seuil est en grande partie lié à la production du secteur public tel que mesurée par les économistes. En effet, elle se mesure généralement par les dépenses. Comprenez par là que la finalité d’un service ou d’un produit public n’a aucune importance dans le calcul. Même en réorganisant le secteur public de manière magistrale et spectaculaire, les conséquences sur la production publique seraient nulles –telle que mesurée par les économistes actuellement–. 
Cette méthodologie justifie d’ailleurs toute réduction des dépenses publiques : par exemple privatiser le secteur de la santé revient à passer d’une évaluation par les dépenses à une évaluation par le prix de vente qui est par nature plus élevé. De manière sous-jacente, cela signifie que pour faire augmenter la croissance (ou la libérer comme on dit), il faut privatiser et encore privatiser ! 
La boucle est bouclée de manière purement artificielle et idéologique.



Une mauvaise priorité

Cette conclusion se retrouve dans la politique économique actuelle : Sauvons notre pays en pratiquant l’austérité. 
Cette stratégie est inspirée de chiffres arbitraires et d’études aux conclusions souvent idéologiques. On en vient à oublier le nombre de personnes sans-emploi, les entreprises en difficultés et le bien-être en général qui sont les grands oubliés des modèles économiques.
Ce seuil de dette publique que personne n'arrive à estimer correctement ou, même à en prouver l'existence, ne devrait pas être la préoccupation actuelle. 
Le changement de tableau de bord pour les politiques économiques avec des indicateurs pertinents et au goût du jour devient indispensables pour sortir de cette crise.

lundi 8 avril 2013

Economie, Politique(s) et Tableau de bord

La rédaction de cet article fut un peu plus longue car j’ai voulu me donner le temps de réfléchir et d’effectuer des recherches approfondies. En effet, il porte sur le lien entre l’Economie et le Politique, la relation qu’ils devraient avoir et le besoin de nouveaux éclairages.

Les indicateurs économiques sont au rouge. 
Toutefois, est-ce que ce sont les bons indicateurs ?


L’Etat marchand au service de l’économie

N’avez-vous jamais entendu ou dit que l’Etat n’est pas rentable ou que la sécurité sociale et le système de retraite étaient improductifs ? De même, il est courant d’entendre que l’Etat devrait être géré par des anciens chefs d’entreprises pour le transformer en entreprise.
Peut-être entendons-nous cela davantage en temps de crise.

Cette logique de la recherche du profit (à tout prix) devrait notamment entraîner une réduction des dépenses publiques car selon les critères d’hyper-rentabilité et d’une marchandisation généralisée, l’Etat est improductif.

Je dirais que tout dépend de ce qu’on mesure et de ce qu’on veut bien mesurer. La richesse créée par l’Etat ne se mesure pas de la même manière que dans le privé : la comparaison est nécessairement biaisée.

Cela dit, serait-ce une bonne chose que les activités du monde entier soient destinées à la marchandisation et la recherche du profit ? Serait-ce agréable à vivre si le politique était au service du monde économique ?
Probablement pas. Une telle logique remettrait en cause la démocratie même.

L’objectif des politiques et des gouvernements est d’augmenter le bien-être de chacun et servir l’intérêt public. Le monde économique en est une partie intégrante mais certainement pas la totalité.
On peut alors se poser la question de la légitimité des décisions de nos gouvernants aux niveaux national et européen : la tournure que prend l’accord pour l’emploi, les millions de chômeurs, le désespoir des jeunes, le cas de nos amis espagnols, grecs, portugais, italiens, irlandais ou chypriote,…

La recherche de la rentabilité économique ne devrait pas être l’objectif ultime des Etats. La satisfaction des besoins sociaux va au-delà d’un simple aspect comptable.  



Un problème de tableau de bord

Lors de mes études en économie, je me souviens avoir abordé en cours le carré magique de Kaldor. Il s’agissait d’un moyen graphique de suivre le résultat des politiques économiques à travers quatre objectifs :
  • La croissance (du PIB),
  • Le plein emploi,
  • Des prix stables (inflation),
  • L’équilibre extérieur (solde courant).
 Vous trouverez ci-dessous une représentation du carré de Kaldor pour l’année 2012 en France. 


Vous remarquerez que l’équilibre budgétaire n’en fait pas partie. Et pour cause : il s’agit simplement d’un élément intermédiaire. De nombreux travaux portaient sur le plein emploi, ce qui me laisse penser que le chômage était l’ennemi public numéro un. C’était il y a une quinzaine d’années environ.
Depuis l’ennemi public numéro un a changé de visage. Ce fut la lutte contre l’inflation, puis la recherche de la croissance et cela devient le déficit budgétaire aujourd’hui.

De manière concrète, que provoque la focalisation de nos politiques sur ces derniers objectifs ?
Une baisse du  pouvoir d’achat, un transfert des charges des entreprises vers les particuliers, un amaigrissement de l’assurance chômage, une protection sociale affaiblie, des salariés moins protégés, un chômage élevé, des jeunes sans emploi, des emplois précaires, l’insécurité économique…Quelque chose cloche dans le tableau de bord des dirigeants.



Les inégalités et l’origine de nos indicateurs

La raison de cet égarement provient sans doute d’un aveuglement idéologique mais l’origine de ces indicateurs est précieuse pour mieux comprendre la situation. En effet, ces indicateurs ont vu le jour dans la période d’après-guerre. Les inégalités étaient faibles et l’utilisation de moyennes mathématiques était justifiée : tout le monde pouvait se reconnaître dans l’individu moyen.
Les choses ont changées depuis, mais pas les indicateurs.

Comme l’indique Jean-Paul Fitoussi dans son livre « le théorème du lampadaire » :
« Dans les pays de l’OCDE, au cours du dernier quart de siècle, l’augmentation du revenu de 80% de la population a été plus faible que le taux de croissance global de l’économie (qui est, bien entendu une moyenne), et d’autant plus faible que le décile considéré était bas 

[…]

Le top 1% a accaparé, sur la période 1976-2007, 58% de la croissance générale des revenus, et, sur la période 2002-2007, 65%. Ce pourcentage monte même à 93% pour les années d’immédiat après crise (2009-2010). 

[…]

En France, les flux annuels hérités, après avoir atteint un point bas de 4% du PIB en 1945 puis s’être stabilisés autour de 7% jusqu’en 1980, s’élèvent aujourd’hui à 16% du PIB.»

Pour information, depuis 1949 jusqu’à aujourd’hui, la croissance française a été en moyenne de 3,3%. Même si depuis les années 2000, la croissance annuelle moyenne est inférieure à 1,5%, cela montre tout de même que la France n’est pas appauvrie en réalité. Nous avons donc bien un problème de tableau de bord pour comprendre la société. En d’autres termes,  les gouvernants ont une mauvaise grille de lecture.

Ces indicateurs purement financiers devraient incorporer de nouvelles mathématiques (utilisation de médianes notamment qui tiennent mieux compte des inégalités) et d’indicateurs plus pertinents sur la situation socio-économique.  Sans ces changements, les politiques économiques, et la politique en générale, s’éloigneront de plus en plus des besoins de notre société.

A quoi bon une croissance de la richesse si seule une minorité en profite ? Jean-Paul Fitoussi parle de « dépréciation du futur » pour qualifier la croissance plus rapide des richesses accumulées que celle provenant de l’activité économique.
Quand le gouvernement parle de libérer la croissance économique, on en vient à se demander de quelle croissance il s’agit !
A l’heure de la compétitivité, nous sommes en train de sacrifier l’innovation et la compétitivité au nom d’une stratégie d’héritage et de rentiers. Pire, la seule véritable croissance est celle du risque, surtout pour les moins aisés (insécurité économique).



Le changement (du tableau de bord) c’est maintenant !

Au-delà d’un certain seuil, les inégalités représentent un véritable danger pour la démocratie. L’argent et le pouvoir ont tendance à aller de pair –vous pouvez en lire davantage dans mon article sur le pouvoir– et entraînent un besoin d’en avoir toujours plus…au détriment des autres car les ressources sont limitées.
Or, un contexte d’exclusion, de destruction de capital social et de frustration est extrêmement négatif sur le long terme et peut provoquer des tumultes. Nous avons plusieurs cas d’école dans le monde et dans l’Histoire.

Le bonheur pour tous, qu’on peut estimer être un objectif majeur, provient entre autres d’être maître de sa vie et de son destin. Ce qui est loin d’être le cas pour nombre d’entre nous.

Au nom du bien-être, et même de notre économie en général, il convient donc de changer de tableaux de bord. Je ne suis pas pour des chiffres à foison, des chiffres pour ne rien dire ou des chiffres pour dire ce qu’on veut. Toutefois, compte tenu de nos progrès en économie, il serait judicieux de mettre en place un tableau de bord au goût du jour pour faciliter la prise de décision.
Les pistes sont nombreuses mais commencent  d’abord par la prise en compte des inégalités et de la répartition. Ces notions ne sont pas que financières car elles peuvent se traduire par de la précarité, de l’insécurité, de l’exclusion,…Ainsi, les indicateurs ne devraient pas qu’être financiers mais aussi qualitatifs.
La soutenabilité est également un enjeu primordial.
Je reviendrais plus en détail sur ces indicateurs dans un prochain article mais sachez que les travaux de la commission Stiglitz sont une véritable mine d’informations en la matière.

Ces critiques sont également valables pour l’Union Européenne dont j’ai souvent commenté les lacunes.

 

En résumé, l’Economie et ses indicateurs ne devraient pas être une finalité mais bien un outil de décision politique au service des peuples.
Les dirigeants, les gouvernements, les instances européennes et autres institutions de pouvoir ont les yeux rivés sur des indicateurs économiques d’un autre temps. Il ne faut pas tout jeter mais compléter ou remplacer certains éléments.
En mettant de coté l’idéologie, il y a donc un sérieux problème de thermomètre dont les conséquences sont abominables et visibles à l’œil nu. Les économistes eux-mêmes reconnaissent avoir du mal à comprendre ce qu’il se passe et quoi faire : preuve en est qu’il nous manque des éclairages !

Avec des outils économiques lacunaires, les politiques n’agissent que sur ce qu’ils voient : c'est-à-dire la croissance, l’inflation, la dette publique,…

Un changement de tableau de bord et de politique devient urgent. Je dirais même que c’est une étape primordiale pour un changement de politique économique...et nous sortir de ces crises.

mardi 2 avril 2013

Inflation et BCE

La Banque Centrale Européenne a pour objectif de contenir l'inflation en dessous de 2%.



Pourquoi la Banque Centrale Européenne se focalise uniquement sur l'inflation

Pourquoi ? La plupart répondront qu'une inflation devient vite incontrôlable et qu'on risque de suivre l'Allemagne de Weimar ou le Zimbabwe (l'hyperinflation). A les écouter, on se demanderait si l'hyperinflation ne nous attendrait pas à chaque coin de rue. Rappeler de tels évènements tragiques a bon dos pour justifier n'importe quoi...

La véritable raison c'est que l'inflation érode les actifs (l'argent, titres,...) des rentiers et des créanciers. Or, comme ce sont généralement eux qui décident ce qui est bon pour l'économie et qui financent les partis politiques, les banques centrales font tout pour éviter de se les mettre à dos. Keynes parlait "d'euthanasie des rentiers", ce n'est pas anodin. Cela peut altérer les capacités d''investissement, d'innovation, etc...




Une stratégie d'inflation européenne ?

On parle beaucoup des déficits publics
On parle beaucoup aussi des dettes publiques européennes qui seraient sur le point d'exploser.

Revenons sur l'équation souvent utilisé pour mesurer le niveau des dettes publiques : (Dette / PIB). C'est une formule simplifiée qu'on utilise à très court terme.
En réalité, l'équation (simplifiée malgré tout) qui nous intéresse au terme de chaque année est :
Dette publique = (Dette + déficit) / (PIB + inflation + croissance) 

Il existe donc plusieurs leviers pour "rassurer" les marchés : on peut chercher à diminuer le numérateur, c'est-à-dire réduire la dette et le déficit, et/ou augmenter le dénominateur, c'est-dire sur le PIB total avec l'inflation et la croissance.
Je ne m'attarderais ni sur la croissance (je vous invite à lire mon précédent article ici), ni sur les déficits (un prochain article viendra certainement sur le sujet, en attendant vous pouvez toujours lire cet article sur la dette française - chantier 3 et chantier 5 ou sur la règle d'or ici).

Reste donc le levier de l'inflation qui permet de réduire le poids de la dette.
La BCE (Banque Centrale Européenne) surveille l'inflation pour la maintenir en-dessous de 2% dans l'Union Européenne. Pour la petite information, le seuil de 2% a été décrété arbitrairement et il y a de nombreuses anecdotes sur le sujet.
Ce levier n'est donc pas utilisé.

Pourtant à 5% d'inflation, on ne risque pas grand chose et on a longtemps tourner dans ces eaux-là. Si les pays du Sud avait une inflation plus élevée que ceux du Nord, cela leurs permettrait de limiter l'austérité suicidaire et de réduire mécaniquement le poids de leurs dettes.



Peu de chance toutefois que la BCE utilise le levier de l'inflation comme expliqué en haut de l'article. Il ne reste donc que les politiques de dévaluations internes : comprenez ici l'austérité, la baisse du pouvoir d'achat des salariés au profit des non-salariés.

La Règle d'Or et l'ordolibéralisme


Régle d'or, Kezako?

L'objectif était d'empêcher les gouvernements à faire trop de ficit pour "rien".
Dans le projet de loi français, la règle d'or budgétaire devait imposer aux États de pas dépasser un déficit structurel limité à 0,5 % contrairement à un déficit conjoncturel qui resterait assez libre (tout en respectant le traité de Maastricht, c'est à dire 3% de déficit total par an)
Il faut en effet distinguer le déficit conjoncturel (lié à la conjoncture) et le déficit structurel (lié à l’État même, que ce soit en période de croissance ou de récession).

Premier souci : il est très difficile de séparer les deux types de déficit

Cela implique de créer un modèle basé sur des hypothèses qui seront toujours contestables. En effet, les deux types de déficits sont relativement imbriqués. Ainsi, par exemple, en France pour 2013, l'OFCE estime un excédent structurel (plus de recettes que de dépenses) quand l'OCDE estime un déficit structurel français à 1,2% et la commission européenne à 2% (donc plus de dépenses que de recettes)

Deuxième souci : en économie, les prévisions changent tous les jours...  

Il est difficile d'évaluer le déficit et la croissance pour l'année en cours ou à venir alors que le budget de l’État sera calqué dessus. 

Troisième souci : le coefficient multiplicateur et les effets de l'austérité. 

Le coefficient multiplicateur en résumé, c'est l'effet des dépenses de l’État sur notre PIB. Par exemple avec un coefficient multiplicateur de 0,5, si l’État augmente ses dépenses de 1 milliards d'euros, le PIB n'augmentera que de 500 millions (pas intéressant donc).
Le FMI estime (après corrections de ses erreurs) que le coefficient multiplicateur de l’État en tant de crise n'est pas de 0,5...mais compris entre 1 et 1,7 : les dépenses publiques auraient donc un effet bénéfique sur l'économie.

Ainsi, pour un coefficient à 1,7 lorsque l’État augmente ses dépenses de 1 milliards d'euros en tant de crise, le PIB augmente de 1,7 milliards. Inversement, s'il réduit ses dépenses de 1 milliards, le PIB se contractera de 1,7 milliards.  



L'Origine de la régle d'or : l'Ordolibéralisme et l’Économie par les règles

La règle d'or est une application de l'ordolibéralisme. Un peu d'Histoire ne fait pas de mal.

L'ordolibéralisme est une vision économique qui nous vient de l'Allemagne.
Or, contrairement aux États-Unis ou à la France, il n'y a jamais eu en Allemagne d’État fort et centralisé sur le long terme. Ce qui en découle, c'est qu'il n'y a jamais eu de politiques économiques ressemblant de loin ou de près aux politiques de Roosevelt ou du Front Populaire. Ce genre de politique n'a d'ailleurs pas vraiment de soutien de l'autre coté du Rhin. L’Allemagne en tant que pays décentralisé - j'ai envie de dire non-centralisé - a une vision différente de la chose économico-politique.

On pourrait aussi parler de la peur de l'inflation, rappelant les démons du passé, et qui ont entraîné l’ordo-libéralisme : une économie dirigée par les règles et non directement par l’État.Cet argument a toutefois bon dos pour justifier n'importe quoi. Disons plutôt que l'inflation est défavorables aux rentiers et non salariés, alors que ces derniers ont un certain pouvoir auprès des politiques.


Et puis les corporations et branches en Allemagne n'ont jamais été freinées, contrairement à la France et sa loi Chapelier. Bref, les acteurs privés discutent entre eux sans passer par l’État alors qu'en France c'est indispensable.
Mieux : en France, il est courant que l’État aille chercher des (gros) contrats à l'étranger pour les entreprises privées française. C'est à l'opposé de l'Allemagne où ce sont les entreprises qui font la démarche sans l'aide à l’État. Les entreprises allemandes profitent des nombreuses communautés d'origine allemande basées un peu partout dans le monde dans ce contexte de commerce mondialisé.

Je résume : l'Allemagne n'a jamais eu d’État fort qui s’immisçait dans l'économie car les parties négocient déjà entre elles. L'État n'a donc pour finalité que de mettre un cadre à l'économie par des règles. C'est l'ordolibéralisme.


On en arrive à la règle d'or, au traité de Maastricht, au six et two-pack,... qui ne sont que des applications de la vision allemande de l'économie. Bref, mettre un cadre réglementaire à une économie où l’État n'intervient peu ou prou.




Et si on avait appliqué la règle d'or en France...

Concrètement, si on avait mis en place une loi type "règle d'or", que se serait-il passé depuis 2011 (ce qui était l'objectif initial) ? 

3 scénarios possibles :
  • Des coupes à la hache dans la dépense publique,
  • Une augmentation massive des impôts,
  • On ignore la règle,
Et dans les deux premiers cas, on aurait eu une récession massive de l'économie. Cette règle d'or aurait donc été très mal venue. Vous pouvez d'ailleurs jeter un coup d’œil sur cet article mettant en évidence notre problème de demande
La grosse erreur est de voir les dépenses de l’État (et donc ses recettes) uniquement comme une destruction d'argent. 

lundi 1 avril 2013

Un problème de demande (et non d'offre)

Nous sommes pris dans une sous-consommation pouvant s'entretenir toute seule. En effet, à l'heure actuelle, les débiteurs ne peuvent pas dépenser et les créanciers ne veulent pas dépenser.



Relance, Rilance, Austérité, Status Quo?

Les États ont sauvé le système financier et bancaire mais cela ne veut pas forcément dire qu'ils ont fait de la relance (dans le sens keynésien du terme). 

Leurs dettes ont mécaniquement augmentées à cause des stabilisateurs économiques :

  • D'un coté, la baisse des rentrées fiscales car les pays s'enfoncent dans un marasme économique, ce qui signifie moins de TVA et d'impôts collectés (baisse des revenus et des profits imposables),
  • De l'autre coté, une hausse des dépenses publiques : augmentation du chômage et des allocations, aides aux entreprises, plans de soutiens,...

Ce n'est donc pas vraiment une politique de relance mais plutôt une action automatique des stabilisateurs.




Les Marchés

Pour ceux qui prétendent que les marchés veulent l'austérité, il faut tout de même leurs indiquer que les investisseurs de tout poil paient l’État pour mettre l'argent à l'abri, c'est à dire en lui prêtant à des taux bas, mêmes négatifs.

Pourtant en Europe on parle encore et encore d'austérité, de coupes franches dans les dépenses publiques, d'avoir une inflation proche de 0 et de stimuler l'offre (politique de l'Offre).
En France on est sans doute plus proche d'une politique keynésienne que d'une politique libérale mais, cela dit, on en est encore loin.



Pourquoi prêter à taux négatifs ou pour pas grand chose?

Globalement, en laissant l'argent dormir sous son matelas, on prend le risque de voir sa richesse s'éroder avec l'inflation (hausse des prix). 1% ce n'est pas grand chose mais sur quelques milliers, millions ou milliards d'euros, cela représente des sommes colossales. Quand les placements sûrs se raréfient, ils arrivent que des investisseurs vont demander des taux d'intérêts plus faibles que le taux d'inflation , par exemple 1% d'intérêts quand il y a 2% d'inflation. Ils perdent donc de l'argent in fine.

Mais pourquoi diable aller jusqu'à prêter à des taux négatifs (à court terme)?
Dans les derniers mois, certains investisseurs ont même prêtés à taux négatifs !
Pour certains c'est une histoire de complot pour faire exploser l'Euro mais, pour moi, je ne vois que deux possibilités entraînant des prêts à taux négatifs :
  • Soit on a des sommes importantes à placer à court terme et on le fait dans des actifs sûrs (dette allemande,...). C'est la peur du risque et du lendemain,
  • Soit on a vraiment peur de perdre son argent (prenons le cas d'un riche chypriote en ce moment...il aurait sans doute rêver de placer son argent dans la dette française ou allemande...).

Dans les deux cas, on parle d'un effet coffre-fort : mieux vaut sécuriser 99,9% de son argent que d'en perdre la moitié à cause de l'éclatement de la zone euro, d'une sortie d'un pays de la zone Euro avec une dévaluation du taux de change, d'une mise en faillite d'un pays ou d'une banque, d'une taxe sur les dépôts,...
Imaginez que vous possédez un vaste verger de pommes bientôt mûres. La météo annonce une canicule extrêmement forte dans les jours à venir, ce qui pourrait ruiner entièrement votre récolte. Vous pouvez vendre vos pommes mais vu la quantité et le petit marché local, vous serez alors obligé de les vendre à prix coûtants, voire à perte pour en écouler en le plus possible. Que préférez-vous? Risquer de ne rien gagner (= tout perdre) ou de gagner moins en les vendant à très bas prix?
En quelque sorte, des gens sont prêt à payer pour protéger leur argent, quitte à payer un petit quelque chose.

Et puis, pour des raisons réglementaires, les banques ont aussi intérêt à accumuler de la dette publique. Et comme il y a peu de choix en ce moment, cela fait baisser les taux d'emprunt de certains pays.  


Tout cela me ramène à l'introduction de cet article. 
Il y a beaucoup d'argent en circulation. Les investisseurs, et le secteur privé en général (banques, particuliers...), préfèrent thésauriser et épargner plutôt qu'investir. La roue de secours est alors d'investir dans les dettes publiques réputées sûres, ou du moins plus sûres que les autres besoins de financement dans le privé.
Ainsi, pour éviter cette spirale de sous-consommation et de chômage élevé, il faudrait sans doute se tourner vers une politique économique de la demande. Contrairement aux idées reçues, c'est peut-être le seul vrai moyen de rétablir la confiance et de sortir la tête de l'eau.