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jeudi 28 février 2013

Quelle couleur pour l'Economie

La croissance potentielle de la zone Euro se situera sur la prochaine décade à 0,4% / an en moyenne (0,4% / an en France) selon les études de Natixis. Ce taux de croissance est très faible par rapport aux décennies précédentes ; les économistes estiment que cette croissance sera trop faible en Europe et que cela aura des conséquences sur l’équilibre de ce monde.

Cela dit, les crises peuvent permettre de faire chuter des tyrans (lors des révolutions arabes par exemple) mais elle peut aussi causer des dégâts collatéraux dans les sociétés démocratiques. La crise économique dans laquelle nous sommes est visiblement trop faible pour provoquer un véritable bouleversement.

Il est intéressant de noter l’imagination déferlante des hommes pour imaginer l’Economie de demain ou inventer de nouveaux systèmes économiques. Il n’y a pas si longtemps, on parlait d’économie de la connaissance, de la nouvelle économie des années 2000 (celle de l’information),…Aujourd’hui, cette recherche d'un nouveau modèle alimente toute une littérature qu’on croirait prête à transformer nos économies et régler les différentes crises du moment (économiques, financières, écologiques, sociales,…).
On parlerait d’économie verte, bleue, blanche,…En opposition avec les économies rouges et noires qui seraient négatives.
Sont-elles meilleurs ? Sont-elles possibles ?

Un conseil pour les moins patients d’entre vous : seules les deux dernières paraissent crédibles bien qu'elles n'aient pas de couleur – c’est un comble.




Les Economies connues – celle du passé ?


L’Economie Noire – ou l’Economie souterraine

Il s’agit de l’économie souterraine, appelée aussi économie parallèle. Elle comprend les "activités" suivantes :
  • Le travail clandestin,
  • Le travail non déclaré (« travail au noir »),
  • Le trafic de drogues et d'armes, 
  • La contrefaçon.

C’est l’économie de la débrouille qui a toujours existé mais qui pourrait reprendre une certaine vigueur dans un contexte de chômage croissant.

Il est difficile d’obtenir des statistiques mais pour les pays suivants, on estime que l’économie souterraine représente :
  • En Grèce : 25% du PIB (dont évasion fiscale comprise entre 12 à 15%)
  • Au Portugal : 24,8% du PIB.
  • En Espagne : 23%
  • En Russie : 20%
  • En Italie : 17% du PIB. La fourchette est très large et serait comprise entre 9 à 21%. Toutefois l’institut Eurispe l’estimait à 35% (article du Figaro du 29/03/12). Pour information, les activités mafieuses représenteraient à elles seules 7% du PIB.
  • En Allemagne : 15%
  • En France : 7-12%,



L’Economie Brune – ou l’Economie du XXe siècle et l’Economie Rouge – ou l’Economie actuelle

L’économie brune serait celle du XXe Siècle. Schématiquement ce serait les grandes industries polluantes (usines à charbon, usines chimiques,…).

L’économie rouge serait celle de notre temps, après celle de l’économie brune : un mélange de capitalisme, de libéralisme et d’étatisme. D’une certaine manière, elle serait même pire que l’économie brune. Ce serait un modèle gaspilleur, champion des inégalités, créateur de chômage et ignorant les conséquences sur l’environnement. Il tire sa puissance du désir infini des différents acteurs, quitte à le stimuler, avec l’objectif d’obtenir une croissance infinie.




De possibles Economies transitoires

L’Economie Verte – ou l’Economie de la croissance durable

Selon l’INSEE, l’économie verte se caractériserait par deux notions :
« La première repose sur une analyse des impacts : une activité est considérée comme verte quand elle est moins polluante et moins consommatrice de ressources. La seconde s’appuie sur sa finalité : une activité est dite verte si elle vise la protection de l’environnement. »

Pour le Programme des nations unies pour l'environnement (PNUE) :
« L’économie verte est une économie qui entraîne  une  amélioration  du  bien-être  humain  et  de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources. »
« Le  développement  durable  demeure  un  but  vital  à long terme, mais pour l’atteindre un verdissement de l’économie est nécessaire. »

L’économie verte irait donc au-delà du commerce équitable et du développement dit durable, qui est composé de trois piliers :

L’économie verte permettrait de développer 8 secteurs en particulier (l’agriculture, l'industrie forestière, la pêche, l'énergie, l'industrie manufacturière, le recyclage, la construction et les transports). Et pour l’Organisation Internationale du Travail, les conséquences en termes d’emplois sont claires :
« La conversion à une économie plus respectueuse de l’environnement pourrait générer de 15 à 60 millions d’emplois supplémentaires à l’échelle mondiale au cours des vingt prochaines années et sortir des dizaines de millions de travailleurs de la pauvreté »

Toutefois les critiques vont bon train sur ce modèle. Les trois reproches principaux sont les suivants :
  • L’économie verte se résume souvent à du marketing vert qu’on appelle aussi Green-Washing, blanchissement vert ou vernis vert. Ce serait surtout une stratégie de communication plutôt que l’avènement d’un monde nouveau.
  • L’économie verte provoquerait une financiarisation de la nature. Autrement dit, la nature aurait un prix et finalement tout le monde pourrait polluer du moment qu’on s’acquitte d’un certain montant.
  • L’économie verte ne serait qu’une économie rouge à points verts permettant de polluer un peu moins pour polluer plus longtemps. Ainsi on aurait des produits similaires (ou moins bons), plus chers mais moins polluants.



L’Economie de la Connaissance et des Services – ou l’Economie transparente

Cette économie n'a pas de couleur définie.
Elle repose sur l'hypothèse que l'industrie va suivre le même chemin que l'agriculture au siècle dernier. Le travail se trouverait alors dans la "douceur" du tertiaire et le tout-numérique.
L'Union Européenne s'était d'ailleurs donnée comme objectif de créer une Economie de la Connaissance.
Une des principales limites de cette Economie se trouve dans les faibles gains de productivité. Par exemple, il n'est pas possible d’accélérer une visite touristique ou le temps d'une coupe de cheveux. La seule solution est de travailler davantage sans augmentation de salaire. 
On peut alors brandir le numérique comme solution (la "3e révolution industrielle" pour reprendre les termes de J.Rifkin) mais cette dernière est surtout managériale et liée au traitement de l'information. Il ne s'agit pas d'une révolution à proprement parlé mais d'une intensification du travail déguisée.
Je vous invite à lire mon article sur la fin du travail car c'est une dérive possible de l'Economie de la Connaissance.
Cette Economie du tertiaire est une Economie à très faible croissance et c'est pourquoi elle ne peut être que transitoire.





Les (fausses) propositions de nouvelles Economies

Vous pourrez trouver ci-dessous deux Economies dont la couleur laisserait penser qu'il s'agit de nouveaux modèles de croissance. En réalité, il ne s'agit que d'adaptation et de fusion de modèles déjà existants. Bref, elles sont présentées ici à titre d'information (et d'illustration).


L’Economie Bleue – ou l’Economie verte teintée d’utopie technologique

Il existe deux types d’économie bleue.

La première aurait été formulée lors d’une réunion pour la Conférence de Rio : l’économie bleue serait une économie verte renforcée sur les questions des mers et océans. Ayant peu d’éléments sur cette première économie bleue, je me focaliserai surtout sur la seconde.


La deuxième aurait été initiée par Gunter Pauli en déclarant que l’économie verte ne serait pas sérieuse : 
« il faut beaucoup d'argent pour faire, non pas le bien, mais le moindre mal. »
Selon Wikipedia, l’économie bleue serait :
« L'économie bleue s'applique à transposer à l'échelle industrielle les prouesses de la nature ». 
Toutefois, il est important de rappeler ici que la plupart de nos inventions sont en réalité déjà inspirées par la nature. L’économie bleue n'est pas vraiment une nouveauté en la matière.
A mon sens, il ne s’agit pas d’un modèle mais plutôt d’une philosophie qui voudrait que la solution à nos crises soient la technologie "naturelle" : baleines électriques, machines provoquant des vortex pour purifier, molécules citronnées chauffantes,…Ainsi, il s’agit plutôt d’une course en avant technologique misant sur les énergies vertes et des inventions issues d'une nature "revisitée".

Se pose la question de la durée car une des caractéristiques de l'économie bleue serait la régénération. On pourrait ainsi profiter du « flux infini de la nature en matière de créativité, d’adaptabilité et d’abondance». Cette phrase est assez déroutante car elle impliquerait que nos ressources naturelles soient infinies.
Et c’est là que le mat blesse car dans le même temps, l’économie bleue permettrait de faire croître économie, emploi et compétitivité tout en faisant baisser les prix pour tous. Cette équation ne paraît ni cohérente, ni sérieuse, ce qui me fait vraiment penser que l’économie bleue est surtout une utopie : un monde qui se voudrait très technologique avec une forte croissance et aucun risque. Or l’Histoire nous montre bien que lorsque nous améliorons nos technologies, nous réduisons la probabilité de risque d’accidents mais augmente la gravité des dégâts en cas de défaillance (exemple : le nucléaire, la recherche sur les virus, les médicaments, la nourriture, les armements,…).

Vivant dans un monde où les ressources sont rares (c’est d’ailleurs un élément de la définition même de l’Economie), l’économie bleue s’apparente à une économie verte renforcée : renforcer davantage nos acquis technologiques pour polluer moins et faire durer le système plus longtemps.




L’Economie Blanche – ou l’Economie rouge-verte

Comme l’économie bleue, il en existe deux types.

Une économie blanche basée sur la montagne (mais dont je n’aurais pas grand-chose à dire) et une Economie Blanche qui se veut plus complète et que je vais vous présenter ci-dessous.
Pour Geert Noels, à l’inverse de l’économie rouge qui serait quantitative et déséquilibrée, l’économie blanche se voudrait qualitative, équilibrée et durable.
Les piliers de l'Economie blanche seraient l’écologie, l’économie et le social. Est-ce que cela ne vous rappelle pas l’économie verte et le développement durable ?

Une des hypothèses de base de l’économie blanche est que l’Homme serait prêt à payer pour le bonheur. Petit ou grand. Quitte à choisir, autant qu'il soit petit et moins polluant.
Fort de cette observation des plus percutantes, la balle serait dans le camp de l’offre, c'est-à-dire du coté des entrepreneurs : innover, choisir ses clients, devenir plus fort et rendre plus fort les clients, devenir plus puissant,…on reconnait bien ici les fibres de l’économie rouge.

L’économie blanche s’assimile finalement une économie rouge adoucie (avec des clients loyaux et ou le dirigeant peut décider de se couper du travail quand il en ressent le besoin – je me demande toutefois si c’est aussi le cas des salariés –) teintée d’économie verte.
D’ailleurs l’initiateur de l’ « économie blanche » est le fondateur d’une société de gestion de patrimoine (aux frontières « d’une banque privée et d’un gestionnaire d’actifs ») ; or dans une telle société, il n’est pas vraiment possible de trop s’éloigner de l’économie rouge.





Les Economies probables du futur –  mais sans couleur

Il existe certainement plusieurs autres modèles économiques plus loufoques les uns que les autres.

Toutefois, je voudrais aborder ci-dessous deux modèles économiques sans couleur mais qui sont bien plus crédibles que les précédents. Comme quoi, la couleur ne fait pas le moine…

Pour rester dans le thème des couleurs, je leur ai attribué une couleur de mon propre chef :
  • La première « Rouge foncée » car il s’agit d’une Economie Rouge très technologique, digne de la littérature de science-fiction,
  • La deuxième « économie rose » pour la décroissance et l’économie du lien social (le rose pour la couleur du cœur en fait).


L’Economie hyper-technologique – l’Economie Rouge Foncée

Selon cette théorie, nous vivrons entièrement dans un univers très technologique.

Les technologies innovantes actuelles sont les fruits de la révolution technologique des années 20 (en particulier avec la physique quantique).
Nous avons toutefois épuisé ce filon et on peut se demander si nous ne serions pas à la veille d’une nouvelle révolution NBIC (Nano-Bio-Informatique-Cognitif). Ce bond résulterait avant tout du rapprochement de ces 4 disciplines. 
Au-delà de la révolution NBIC, c’est l’Homme lui-même qui sera au centre de la prochaine phase. Pour introduire le mieux cette prochaine étape, je citerais un passage tiré du livre "Homo Œconomicus : prophète (égaré) des temps nouveaux" de Daniel Cohen :
« Pour les économistes, ces évolutions peuvent s’interpréter comme la promesse d’un nouveau modèle de croissance que Robert Boyer avait qualifié d’anthropogénique. L’Humain a longtemps travaillé la terre, puis la matière, aujourd’hui il devient à lui-même son propre objet. »

Cette fusion des NBIC pourrait par exemple nous amener à :
  1. La Cyborgisation : l’homme est de plus en plus appareillé (lunette de vision, Smartphone, montre intelligente, oreillette Bluetooth, remplacement d’organes,…),
  2. L’homme pharmaceutique : l’individu dopé qui a dépassé ses limites : « l’homme toujours heureux ».
  3. La quasi-immortalité : grâce aux nanotechnologies ou au téléchargement du cerveau sur un support fixe.
  4. Les HGM ou Hommes Génétiquement Modifiés

Cette révolution NBIC modifierait nos conditions de vie vers des post-humains dans une post-société. 
On pourrait se demander comment notre planète en crise pourrait supporter de telles avancées : la réponse se trouve également dans la technologie. Ainsi, nous créerons des écrans pour nous protéger du soleil, nous stimulerons les océans pour les vivifier, les maladies ne seront plus qu’une question de génétiquement modifiables,...

Très sincèrement cette Economie du futur est la plus probable :
  • D'une part, rien en ce moment n'a vraiment remis en cause l'Economie Rouge. C'est même l'inverse car elle se renforce en renouvelant sans cesse les besoins de consommation. Ainsi, la grande majorité des personnes (plus de 70%) affirment que ce qui les rendrait heureux serait plus d'argent. Le seul hic à l'Economie Rouge est que son potentiel de croissance faiblit : c'est là que l'Economie Rouge Foncée prendrait le relai.
  • D'autre part, on pourrait considérer y avoir déjà un pied quand on voit la vitesse à laquelle les technologies évoluent. Nous sommes déjà tous interconnectés et les puces électroniques pour l'Homme existent déjà.
Pour l'anecdote : selon Aubrey de Grey (Gérontologue = étude du vieillissement humain); l'Homme qui vivra 1000 ans serait déjà né.

Le problème de ce modèle se trouve en son sein même : il ne s'agit que d'une continuité de l'Economie Rouge actuelle, très inégale, et dont tout le monde ne peut profiter de ses "bienfaits". Les inégalités et les rivalités font partie intégrante du système et lui évite de  s'essouffler.




L’Economie de la décroissance – la Contre-Economie Rose

Elle viendrait en remplacement de l’Economie Rouge.

En une phrase, la décroissance serait l’Economie du lien social et du partage plutôt que l’Economie rouge des biens matériels et du marché.
Aussi curieux que cela paraisse, la décroissance est un retour aux sources de l'Economie. En effet, les anciens économistes tel que J-S Mill prévoyait qu'un jour nous nous retrouverions en état stationnaire, c'est à dire sans croissance ; à ce moment-là nous pourrons nous concentrer sur l'amélioration de notre "art de vivre". 

Pour Paul Ariès, un des plus fervents théoriciens de la décroissance, l’Economie de la décroissance reposerait sur :
  • La simplicité volontaire : avoir une vie conforme à ses valeurs (comme choisir de ne pas avoir de téléphone portable, de télévision, de voitures,…ou choisir d’être à temps partiel plutôt qu’à temps plein). L’idéologie de la décroissance n’est donc pas d’obliger les personnes dans la misère à y rester mais plutôt d'inciter les personnes aisées à vivre plus simplement. En d'autres termes, il s'agit d'une décroissance volontaire.
  • Les expérimentations collectives : regarder ce qui se fait de bien dans les marges de la société pour l’importer dans le modèle économique comme l’économie solidaire, les mouvements Slow-Food ou ville lente,...
  • Un nouveau projet de société : c’est le projet politique.

Les différentes valeurs de la décroissance seraient le ralentissement, la simplicité volontaire, la gratuité du bon usage (l’usage qu’on considère comme "normal"), la solidarité, un revenu garanti pour tout le monde, la fin de la publicité, l'acceptation des faiblesse de l'Homme, le lien social

Intellectuellement et théoriquement parlant, le modèle est plaisant bien que rappelant l’ascétisme. Les décroissants n’aimeront certainement pas la phrase suivante mais c’est l’idée dont je me fais : ce serait la fin du « toujours plus » matériel pour le « toujours plus » social (les amis, les émotions, le partage,…).
Il est difficile d’admettre que nous prenons le chemin de la décroissance, malgré quelques applications ici ou la. Nous vivons actuellement dans le mythe du pouvoir, de la jeunesse éternelle et de l’humanité invincible, ce qui est en complète contradiction avec les valeurs de la décroissance.
Ainsi, je pense qu’il faudrait une catastrophe pour en arriver à la décroissance volontaire. Ce serait donc une décroissance forcée.

Plutôt que de parler de décroissance, il vaudrait mieux parler de manière générale d’Economie du lien social. D’ailleurs Paul Ariès, lui-même, ne semble pas apprécier le terme de décroissance (« un mot obus »).
Important toutefois : une économie du lien social c’est aussi le retour de la complexité : les relations humaines sont en effet complexes, l’amour est complexe,…





L’Economie Rouge (foncée) se situerait donc à l’extrême opposé de l’Economie Rose. Pourtant, quelque chose me dit que notre futur se situe d’un coté ou de l’autre. On pourrait même imaginer une société binaire ou un mélange des deux.
Ce qui est sûr en tout cas, pour terminer sur une pointe d’humour, c’est que l’économie actuelle n’est pas rose.

mardi 26 février 2013

La croissance française en 2013

Les prévisions de croissance du gouvernement vont certainement être revues à la baisse pour se rapprocher du consensus.


La reprise pour quand ?

Pour simplifier, la croissance peut venir de la consommation (les consommateurs), des investissements (les entreprises et l’État) et de nos échanges à l’étranger (rapport exportations – importations).


Les Ménages et les Entreprises

Les ménages et les entreprises restent encore très endettés.
A cela s’ajoute la fiscalité de plus en plus lourde mais qui a le mérite de se focaliser sur les hauts revenus et de ne pas trop pénaliser la consommation intérieure. Cela tombe bien car la situation de l’emploi est particulièrement précaire : les classes modestes et moyennes sont terriblement touchées par le chômage et la crainte de perdre leurs emplois : le taux de chômage devrait attendre 11,25% fin 2013 selon l’OCDE. C'est une véritable saignée : chaque jour, on compte entre 1000 et 1500 chômeurs supplémentaires en France.
En cause : la faiblesse des débouchés, l’endettement des entreprises et la faiblesse de leurs taux de marge (c'est-à-dire la distribution des gains pour l’entreprise par rapport aux salariés et à l’Etat) : il est tombé à 28% cette année. Cela se traduit par des ajustements en termes d’investissement et d’effectifs (d’où le nombre de fermetures d’entreprises et d’usines).

Enfin, les banques (le système bancaire en général en fait) sont encore fragiles et ne prêtent que difficilement aux entreprises.

Il y a donc un risque important de créer une spirale récessive :
Au delà il existe aussi un risque de dérapages : les risques politiques. Ce sont les disputes et autres coups d'éclats inattendus et sur-médiatisés entre pays. Les intérêts des pays de la zone Euro étant divergents, il est possible que la dégradation de nos économies fasse monter les tensions. Or les "marchés" y sont très sensibles. De ces risques politiques découlent également les querelles avec les dirigeants de grandes sociétés (à l'instar de M. Taylor Jr et M. Montebourg) et les personnalités (comme G. Depardieu) qui sont restent pour l'instant anecdotiques.


L’Etat

L’État est pour l’instant pris entre le marteau et l’enclume :
  • D’un coté, le marteau : réduire le déficit public,
  • De l'autre, l’enclume : soutenir l’activité pour éviter une récession.
La Zone Euro est clairement dans le cas du marteau quitte à faire plonger la zone dans la récession. La rigueur n’en est d’ailleurs qu’à ses débuts en France car le gouvernement va inexorablement baisser ses prévisions de croissance pour l’année 2013. L’activité française étant moins importante que prévue, les recettes prévisionnelles de l’Etat baisseront en proportion. Il faudra donc soit accepter un déficit public plus important (au-delà des 3%), soit serrer encore la ceinture. Ou les deux.
Malheureusement, nous savons qu’en temps de crise, pour un euro dépensé par l’Etat, les retombées seront supérieures à un euro (on parle du multiplicateur kénésien ou du coefficient multiplicateur). Et inversement. 
Ainsi, réduire les dépenses de l’Etat de 1% du PIB revient à contracter le PIB de la France de plus de 1% (on peut estimer cette contraction entre 1,5 et 2%).


Le Commerce Extérieur

Le déficit du commerce extérieur de la France a baissé en 2012 malgré une hausse de la facture énergétique. Cette bonne nouvelle n'est pas aussi bonne en réalité : la cause en est la baisse de la demande intérieure française et donc des importations.
La France est relativement dépendante de la consommation des pays de la zone Euro. Or l’austérité étant de rigueur chez nos voisins, cela risque d’affecter négativement nos échanges avec eux. 
En dehors de la zone Euro, la hausse de l’Euro par rapport au Dollar et aux autres monnaies (de nos partenaires commerciaux) ne jouent pas en notre faveur. L’Euro aura bientôt retrouvé sa valeur de 2011 et risque de continuer à grimper. Se faisant, la compétitivité de nos entreprises  exportatrices est en danger.



Solutions

A long terme

Certaines solutions se situent au niveau européen : elles ont pour la plupart été résumées dans mon billet sur la fin de l’euro dans les « sujets qui fâchent » auxquelles s’ajoutent une part de l’enveloppe des 40 milliards d’euros d’investissements par an (obtenu lors de la négociation du pacte budgétaire européen).
D’autres se trouvent au niveau national : vous pouvez trouver la majorité d’entre elles dans mon billet sur les chantiers du prochain président auxquelles s’ajoutent la banque publique d’investissement qui peut soutenir le financements de nos PME.
Cela dit, il paraît cohérent de dire que la machine ne repartira pas tant que les acteurs privés ne se seront pas désendettés.

 

A court terme

En France, ce manque de croissance et de recettes se traduira :
  • Soit par de l’austérité supplémentaire (qui serait catastrophique compte tenu du coefficient multiplicateur et du taux de chômage actuel),
  • Soit accepter un déficit annuel supérieur aux 3% et se confronter à la commission européenne et à l’Allemagne.
On peut penser (et espérer) que le gouvernement choisira la deuxième option.  


La croissance potentielle de la zone Euro se situera sur la prochaine décade à 0,4% / an en moyenne (0,4% / an en France) selon les études de Natixis.

Ce taux de croissance est très faible par rapport aux décennies précédentes et les économistes estiment que c'est un taux trop faible. Cela entraîne déjà un cercle vicieux : une mauvaise allocation des investissements, un taux de chômage élevé surtout chez les jeunes, un manque de recherche/innovation et la réduction des capacités de production.