Article(s) en Réflexion : Aucun pour le moment...

vendredi 22 février 2013

L'inflation

L’information est tombée il y a peu, mais elle n’a pas fait beaucoup d’émules. L’inflation ralentit dans la zone euro et s’établit à 2%. Ce chiffre arrive peu après celui dévoilée par l’INSEE pour l’année 2012 en France : +2% également ! En même temps, pourquoi en aurait-elle provoqué compte tenu des (faibles) chiffres annoncés?


 

  L’inflation, c’est quoi ?

L’inflation c’est l'évolution générale des prix. On l'appelle plus communément la hausse des prix.
Le taux d’inflation annuel (via l’Indice des Prix à la Consommation) nous indique de combien ont augmenté les prix (à la consommation, en %).

Selon l’INSEE, le taux d’inflation depuis les années 2000 est inférieur à 2% (1,8%) en moyenne par an en France. Depuis l’an 2000 jusqu'à aujourd'hui, cela représente une hausse des prix d’environ 20%.
Vous retrouverez dans le graphique ci-dessous l’inflation annuelle moyenne depuis le début du XXe siècle (avec une courbe des tendances en rouge).


 Cela peut vous paraître étrange si vous vous pensez au prix du pain, du beurre, des fruits et légumes,…: les prix semblent croître très rapidement. Cette sensation, c’est ce qu’on appelle l’inflation ressentie. En réalité, selon la formule de l'inflation (IPC), les chiffres et le graphique ci-dessus sont justes : on l'appelle "inflation mesurée" et ces données seraient même inférieures à  ce qu’elles devraient être.
Avant d’entrer dans les détails de l’inflation, je vous révèle en avance pourquoi ces chiffres semblent inférieurs à la réalité : il y a beaucoup de cuisine dans la méthode de calcul (comme dans n’importe quel indicateur en économie mais vous l'avez bien compris maintenant).



Méthode de calcul et hypothèses 


1. Le ménage/français moyen

Le premier élément est que l’inflation se base sur le français moyen et cela gomme inévitablement les inégalités. En effet, ce n’est pas vous ou moi, c’est le français moyen en moyenne ! 
Par exemple, le français moyen dépense moins de 10% de son revenu pour avoir un toit (car de nombreux français sont propriétaires ou sont logés gratuitement).
C’est une première limite de l’inflation : c’est un chiffre unique, une moyenne pour tous.


2. Un panier de services et de biens

L’INSEE se base sur une structure de consommation moyenne à travers un panier de biens. Il n’est pas possible de connaître les ingrédients du panier (top secret).
Certains biens du quotidien vont fortement augmenter et ce sont surtout ceux-là qui vont nous marquer. A l’inverse certains biens, que nous achetons moins régulièrement (voiture, ordinateur, télévision,…), ont vu leurs prix diminuer à vitesse grand V. 
Pour l’INSEE, comme il s’agit encore de moyennes, les augmentations ou baisses de prix sont lissées sur les années. On peut imaginer que ceux qui possèdent une voiture en changent tous les 4 ou 5 ans. Ainsi, la baisse de prix des voitures sera incluse dans le calcul de l’inflation, en proportion (j’imagine une moyenne pondérée).
On note plusieurs limites sur ce point.
  •  La première est relative à la composition et l’évolution de ce panier : nos habitudes changent en fonction de nombreuses variables. Qui plus est, ce phénomène s'accélère. Estimer le panier de consommation du français moyen à l’instant T est un exercice assez ardu.
  • La deuxième limite tient à l’innovation : nous inventons sans cesse de nouveaux besoins et produits. C’est le cas des Smartphones, des abonnements téléphoniques, des tablettes, des GPS et autres appareils High-tech récents mais populaires. Aussi, cela implique que le panier puisse incorporer rapidement ses nouveaux arrivants.
  • Enfin la troisième limite, plus anecdotique, est que ce panier prend en compte 95% du panier des ménages ; les 5% restants sont des services et biens assez particuliers et difficilement mesurables : services hospitaliers, certains placements financiers,…


3. Inflation à qualité constante

La qualité est prise en compte dans le calcul de l’inflation et c’est souvent là que l’inflation ressentie est différente de l’inflation mesurée.
Imaginez un Smartphone lambda.
Imaginez que demain sorte un Smartphone lambda mais 50% plus puissant et au même prix. L’inflation mesurée pour ce produit sera négative car pour le même prix, vous avez un produit plus puissant : indirectement les prix ont baissé.
Le principal souci est ici technique : il faut pouvoir estimer le coefficient de qualité avec justesse. En étudiant le passé, c’est plutôt facile. Pour un produit venant de sortir,  il est beaucoup plus complexe de donner le bon coefficient car les produits ont plusieurs caractéristiques différentes et certaines d’entre elles peuvent même être inconnues ou insoupçonnées.


4. L'inflation partout en France

Les prix du panier de l’INSEE sont mesurés à différents endroits et chez différents types de commerçants en France. Là encore, on en tire une moyenne.
Cela nous ramène à la première limite de l’inflation : il s’agit d’un chiffre unique et moyen.


5. Une moyenne sur glissement

L’inflation ne prend pas en compte les hausses et baisses de prix pendant l’intervalle. Ainsi en comparant les prix de début janvier à fin décembre, on saute tous les pics de prix qui ont pu intervenir entre temps.
Une dernière fois : l’inflation est un chiffre unique et moyen.



En écoutant, lisant ou regardant les informations, vous n’aurez généralement qu’un seul chiffre : celui du taux annuel d’inflation.
Mais face aux différentes limites formulées ci-dessus et aux critiques des économistes, l’INSEE propose désormais plusieurs taux d'inflation sur son site : celui des français propriétaires, celui des français locataires,…et vous pouvez même calculer votre propre inflation avec le simulateur disponible. C’est une inflation personnalisée en quelque sorte.

C’est plus agréable mais il faut toujours garder à l’esprit que tout indicateur en économie doit être regardé avec ses limites. Aujourd’hui l'inflation se calcule ainsi, demain il pourra se calculer autrement.

Aucun commentaire: