Article(s) en Réflexion : Aucun pour le moment...

mardi 2 avril 2013

La Règle d'Or et l'ordolibéralisme


Régle d'or, Kezako?

L'objectif était d'empêcher les gouvernements à faire trop de ficit pour "rien".
Dans le projet de loi français, la règle d'or budgétaire devait imposer aux États de pas dépasser un déficit structurel limité à 0,5 % contrairement à un déficit conjoncturel qui resterait assez libre (tout en respectant le traité de Maastricht, c'est à dire 3% de déficit total par an)
Il faut en effet distinguer le déficit conjoncturel (lié à la conjoncture) et le déficit structurel (lié à l’État même, que ce soit en période de croissance ou de récession).

Premier souci : il est très difficile de séparer les deux types de déficit

Cela implique de créer un modèle basé sur des hypothèses qui seront toujours contestables. En effet, les deux types de déficits sont relativement imbriqués. Ainsi, par exemple, en France pour 2013, l'OFCE estime un excédent structurel (plus de recettes que de dépenses) quand l'OCDE estime un déficit structurel français à 1,2% et la commission européenne à 2% (donc plus de dépenses que de recettes)

Deuxième souci : en économie, les prévisions changent tous les jours...  

Il est difficile d'évaluer le déficit et la croissance pour l'année en cours ou à venir alors que le budget de l’État sera calqué dessus. 

Troisième souci : le coefficient multiplicateur et les effets de l'austérité. 

Le coefficient multiplicateur en résumé, c'est l'effet des dépenses de l’État sur notre PIB. Par exemple avec un coefficient multiplicateur de 0,5, si l’État augmente ses dépenses de 1 milliards d'euros, le PIB n'augmentera que de 500 millions (pas intéressant donc).
Le FMI estime (après corrections de ses erreurs) que le coefficient multiplicateur de l’État en tant de crise n'est pas de 0,5...mais compris entre 1 et 1,7 : les dépenses publiques auraient donc un effet bénéfique sur l'économie.

Ainsi, pour un coefficient à 1,7 lorsque l’État augmente ses dépenses de 1 milliards d'euros en tant de crise, le PIB augmente de 1,7 milliards. Inversement, s'il réduit ses dépenses de 1 milliards, le PIB se contractera de 1,7 milliards.  



L'Origine de la régle d'or : l'Ordolibéralisme et l’Économie par les règles

La règle d'or est une application de l'ordolibéralisme. Un peu d'Histoire ne fait pas de mal.

L'ordolibéralisme est une vision économique qui nous vient de l'Allemagne.
Or, contrairement aux États-Unis ou à la France, il n'y a jamais eu en Allemagne d’État fort et centralisé sur le long terme. Ce qui en découle, c'est qu'il n'y a jamais eu de politiques économiques ressemblant de loin ou de près aux politiques de Roosevelt ou du Front Populaire. Ce genre de politique n'a d'ailleurs pas vraiment de soutien de l'autre coté du Rhin. L’Allemagne en tant que pays décentralisé - j'ai envie de dire non-centralisé - a une vision différente de la chose économico-politique.

On pourrait aussi parler de la peur de l'inflation, rappelant les démons du passé, et qui ont entraîné l’ordo-libéralisme : une économie dirigée par les règles et non directement par l’État.Cet argument a toutefois bon dos pour justifier n'importe quoi. Disons plutôt que l'inflation est défavorables aux rentiers et non salariés, alors que ces derniers ont un certain pouvoir auprès des politiques.


Et puis les corporations et branches en Allemagne n'ont jamais été freinées, contrairement à la France et sa loi Chapelier. Bref, les acteurs privés discutent entre eux sans passer par l’État alors qu'en France c'est indispensable.
Mieux : en France, il est courant que l’État aille chercher des (gros) contrats à l'étranger pour les entreprises privées française. C'est à l'opposé de l'Allemagne où ce sont les entreprises qui font la démarche sans l'aide à l’État. Les entreprises allemandes profitent des nombreuses communautés d'origine allemande basées un peu partout dans le monde dans ce contexte de commerce mondialisé.

Je résume : l'Allemagne n'a jamais eu d’État fort qui s’immisçait dans l'économie car les parties négocient déjà entre elles. L'État n'a donc pour finalité que de mettre un cadre à l'économie par des règles. C'est l'ordolibéralisme.


On en arrive à la règle d'or, au traité de Maastricht, au six et two-pack,... qui ne sont que des applications de la vision allemande de l'économie. Bref, mettre un cadre réglementaire à une économie où l’État n'intervient peu ou prou.




Et si on avait appliqué la règle d'or en France...

Concrètement, si on avait mis en place une loi type "règle d'or", que se serait-il passé depuis 2011 (ce qui était l'objectif initial) ? 

3 scénarios possibles :
  • Des coupes à la hache dans la dépense publique,
  • Une augmentation massive des impôts,
  • On ignore la règle,
Et dans les deux premiers cas, on aurait eu une récession massive de l'économie. Cette règle d'or aurait donc été très mal venue. Vous pouvez d'ailleurs jeter un coup d’œil sur cet article mettant en évidence notre problème de demande
La grosse erreur est de voir les dépenses de l’État (et donc ses recettes) uniquement comme une destruction d'argent. 

Aucun commentaire: