Ce qui est faux et qu’on peut lire un peu partout
L’impôt sur les sociétés (IS) en France serait le
plus élevé d’Europe et culminerait à 36,1%.
La France serait incapable de s’adapter à la
concurrence fiscale et son triste record découragerait toutes les entreprises.
La vérité à rétablir
Le taux des PME
Les PME paient en général le taux réduit d'impôt
sur les sociétés (15%). Pour ceux que cela intéresse, voici les conditions d’éligibilité
(tirées du site des services publics) :
Le taux de 15 % s'applique sur la tranche inférieure à 38 120 € de bénéfices pour les entreprises dont:
- Le CAHT [note : Chiffre d'Affaires Hors Taxes] est inférieur à 7,63 millions d'€,
- Le capital a été entièrement reversé et est détenu à au moins 75 % par des personnes physiques (ou par une société appliquant ce critère).
Au-delà de 38 120 € de bénéfice imposable, les bénéfices sont soumis au taux normal [Note : c'est à dire 33,33%].
D’où sort le 36,1% ?
Le fameux taux de 36,1%, c’est la plus haute
tranche possible mais inaccessible en pratique ; on parle de taux
légal maximum d’imposition. A l'origine il est uniquement destiné aux grosses entreprises :
33,3% pour le taux général majoré de toutes les cotisations et contributions
spécifiques aux grosses entreprises.
En voici les détails (toujours tirés du site
des services publics) :
Le taux normal de l'IS est de 33,33 %.Il s'applique aux sociétés qui réalisent plus de 7,63 millions d'€ de chiffre d'affaires annuel hors taxe.Il peut être augmenté de majorations : la contribution sociale, la contribution exceptionnelle et la contribution additionnelle.Contribution socialeElle est de l'ordre de 3,3 % pour les entreprises ayant un CA [Note : Chiffre d'Affaires] d'au moins 7,63 millions d'€ et dont l'IS [Note : Impôt sur les Sociétés] dépasse 763 000 €.Contribution exceptionnelleElle est fixée à 5 % pour les entreprises dont le CA est supérieur à 250 millions d'€ au cours des exercices clos entre le 31 décembre 2011 et le 31 décembre 2015.
Que signifie ce charabia ?
Voici une clé de lecture pour l’imposition des
grosses entreprises réalisant plus de 250 millions d’euro de chiffre d’affaires :
- De manière générale, l’entreprise paiera 33,33% (taux normal) x 1,05 (les 5% de la contribution exceptionnelle) = 35%
- Toutefois, pour la part de l'impôt sur les sociétés supérieur à 763 000€, le taux sera de 33,33% (taux normal) x (1,05 + 1,033) (contribution exceptionnelle + contribution sociale) soit 33,33% x 1,083 = 36,1%.
On y est !
Quasiment aucune entreprise concernée par ce taux
"On plomberait alors les grosses entreprises", c’est
sans doute cela que vous vous dîtes en ce moment : il n’en est rien car elles
ne paient jamais ce taux.
Les entreprises du CAC40 ont en réalité un taux d'imposition
inférieur au taux réduit, donc en dessous des 15%.
En effet,
il existe de nombreux moyens (légaux) de minorer l’impact de ce taux :
Le premier est de réduire l’assiette, c'est-à-dire le
montant imposé : ce sont les déductions à l'instar des provisions, des
amortissements et des intérêts d’emprunt qui vont diminuer le résultat
imposable. Ce sont des techniques comptables.
Le deuxième est d'user et d'abuser des dérogations : les niches
fiscales. Ce sont des techniques d'ordre fiscal.
L’artisan ou l’entrepreneur du coin ne les connaît
pas (bien que son comptable peut lui donner quelques conseils) mais une grosse
entreprise avec une cellule juridique et fiscale possède toutes les armes
nécessaires pour croquer l'impôt sur les sociétés.
Ainsi, selon le Conseil des Prélèvements
Obligatoires de 2010, les entreprises du CAC auraient un taux d’imposition
moyen de 8% et non pas 33,33% (ou supérieur). Nous sommes au même niveau que
les grandes entreprises américaines et on ne peut pas dire que les États-Unis
soit un pays anti-entrepreneurs !
Qui l’aurait cru ?
Paradoxalement, ce sont les PME qui seraient les plus imposées :
22% en moyenne.
Enfin, il existe aussi des moyens moins légaux de
diminuer l’impôt sur les sociétés ou d’en décaler son paiement grâce à l’optimisation
fiscale. L’objectif est généralement de localiser les profits dans des pays
plus « attractifs » fiscalement : la technique la plus courante
est probablement la manipulation des prix de transfert (en particulier sur l’utilisation
des brevets et/ou de la marque).
Il existe bien d’autres moyens comme les
capitalisations fines, les contrats de façonnage, le CIR,…mais j’y reviendrais
dans un prochain article afin de ne pas alourdir celui-là.
Le poids de l’Impôt sur les Sociétés en France
Le cumul de tous les impôts sur les sociétés en France
représenterait 2,5% du PIB.
La France est loin d’être la première de sa
catégorie en la matière et ne serait plus qu’en douzième position en Europe ;
avec devant elle ma Belgique, la Suède, le Luxembourg, le Portugal et même la
Grèce ! Autrement dit, onze nations européennes prélèvent plus d'impôt sur les société par rapport à la richesse économique du pays même, que la France.
Bref, cette phrase ressort souvent sur ce blog mais
il est vraiment facile de faire croire ce que l’on veut en martelant l'information avec des
chiffres dénués de tout sens. Dire que la France est championne de l'Impôt sur les Sociétés c'est tromper les gens et décourager les entrepreneurs...alors que cela ne devrait pas être le cas !
D'ailleurs, on occulterait presque que l’impôt permet de
financer des services publics essentiels à l’attractivité de notre pays.
Enfin, pour clore ce débat sur l’attractivité de la
France, que certains qualifieraient volontiers de nulle, je rappelle ici que, en Europe,
notre pays est le deuxième pays le plus attractif en termes d’Investissements
Directs de l’étranger (le premier étant le Royaume-Uni).
Comme quoi, la France a bien des qualités à vendre…
Cela ne veut pas dire qu'on peut augmenter les impôts n'importe comment, mais plutôt qu'il vaudrait mieux arrêter de focaliser toute l'attention sur la fiscalité des entreprises. Il y a d'autres pistes beaucoup plus pertinentes.Cela ne veut pas dire qu'il faut augmenter encore les impôts, mais plutôt qu'il faut arrêter de focaliser toute l'attention sur la fiscalité des entreprises. Il y a d'autres pistes beaucoup plus pertinentes.
Cela ne veut pas dire qu'on peut augmenter les impôts n'importe comment, mais plutôt qu'il vaudrait mieux arrêter de focaliser toute l'attention sur la fiscalité des entreprises. Il y a d'autres pistes beaucoup plus pertinentes.Cela ne veut pas dire qu'il faut augmenter encore les impôts, mais plutôt qu'il faut arrêter de focaliser toute l'attention sur la fiscalité des entreprises. Il y a d'autres pistes beaucoup plus pertinentes.
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