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dimanche 31 mai 2009

Les frontières de l'UE?


La marque de la citoyenneté européenne, c’est peut-être le fait d’accepter des valeurs généreuses et universelles :
Démocratie, Dialogue, Droits de l’Homme et Solidarité (3DS).

Une Europe puissante doit se surpasser sur plusieurs points : militaire, économique, technologique et culturel. Ces points ont des conséquences sur les frontières et les frontières (ou l’absence de frontières ?) de l’UE ont des conséquences sur ces enjeux. Alors commence le débat des limites de l’Europe.

L’ouverture de l’UE suscite craintes et réticences :
« De l'Atlantique à l'Oural »
(De Gaulle)

« Il n’y a de frontières que celles de la démocratie »
(J. Chirac)

« Les frontières de l'Europe sont naturelles »
(N. Sarkozy)

L’UE va t-elle s’élargir indéfiniment ?
Pourquoi pas la Turquie, la Russie voire le Liban, Israël ?

Aujourd’hui l’Europe est un acteur clé dans la stabilisation de crises extérieures. Elle agit en puissance normative et on peut citer en exemple :
- La régulation de la compétition,
- Les négociations à l’OMC,
- Une esquisse d’un modèle européen de sécurité énergétique…

Pour certains, l’expansion spatiale de l’UE obéit à une vision américaine : achever le travail de stabilisation et de démocratisation entamé après la seconde guerre mondiale pour intégrer dans la future union, tout le continent (Turquie et Caucase inclus (sans la Russie évidemment)). L'UE se résumerait alors à une simple organisation internationale sans ambition politique.
D’ailleurs le traité de Lisbonne que l’on traine depuis 2004, permet la compatibilité (non exprimée) avec un Marché Commun Transatlantique UE-US. Depuis quelques mois, nos députés européens ont votés à plusieurs reprises et approuvé ce vieux projet mais ils se sont bien gardés de l’évoquer. Indirectement, nous nous sommes engagés à ce que dès 2015, un rapprochement est lieu entre l’UE et les US avec, à terme, la libre circulation des marchandises et des capitaux. Or à l’heure actuelle, peu de personnes savent qu’un grand marché transatlantique est en train de se créer.

Pour pouvoir adhérer à l'UE, un pays doit avoir des institutions stables et démocratiques, une économie de marché et la capacité de respecter les textes européens. En plus du moteur économique et politique, il existe également un ciment culturel de valeurs, perçu différemment par chacun de nous. Ces valeurs évoluent et peuvent être subjective mais on retrouve souvent le foyer gréco-latin, la chrétienté, la démocratie ou encore les Lumières.
Le débat de l’élargissement « pour qui ? » concerne certains pays comme la Macédoine, l’Albanie,… Mais principalement deux pays font couler beaucoup d'encre : la Turquie et la Russie, tous deux très vastes et très peuplés :
L’union Européenne doit-elle admettre comme membre la Russie et la Turquie ?


1. La question de la Turquie
C’est un problème multi-factoriel très controversé : géographique, historique, culturel, religieux... Si la géographie, l’Histoire et la culture sont des points fragiles car subjectifs, il existe à ce jour, trois faits politiques reprochés à la Turquie, l’empêchant de prétendre à l’entrée dans l’union européenne :
- La non-reconnaissance des génocides,
- L’occupation militaire illégale de Chypre,
- Le conflit kurde.

A cela s’ajoute la question des droits de l’homme (mais qui pourrait à terme concorder avec la vision européenne [pour ne pas dire occidentale]), de la démocratie écartant les minorités (kurdes en particulier) et de la laïcité en faillite. En effet, l’émergence du parti islamiste AKP a accélérée la déroute de la laïcité. On peut citer, par exemple, l’autorisation du port du voile à l’université ou les subventions aux écoles coraniques (contrairement aux écoles laïques). Là encore, il y a controverse car l’UE (y compris la France) a plus ou moins soutenu la « laïcité positive » et assouplie. Pis encore, certains pays-membre ne sont pas très laïque en soit (Pologne…).
Toutefois, la principale question aujourd’hui est de savoir si l’UE possède une identité et une culture propre (occidentalo-chrétienne donc) ou si elle « juste » porteuse d’un projet de paix, de stabilité et de prospérité.
Le débat s’élargit donc au problème de la civilisation à travers la question de la compatibilité religieuse et certains se demandent si les valeurs de l’Islam sont compatibles avec celle de l’UE (la chahada…).

Il est également intéressant de se mettre du coté turque. La Turquie est elle-même en porte-à-faux entre ses voisins de l’Ouest et ses voisins de l’est (Iran). Pour les pays arabes, son entrée dans l’UE pourrait être considérée comme une trahison et un rapprochement hypothétique avec Israël. Du point de vue de la Russie, ce serait encore pire.
Si la Turquie souhaite être européenne, c’est bien plus pour des motifs économiques que pour des raisons symboliques ou identitaires. On le voit à travers l’opinion publique turque relativement insensible au refus de l’Europe.

Toutefois, les avantages géopolitique pourraient être grand pour l’UE: La Turquie veut illustrer la conception la plus modérée de l’Islam, tente de jouer un rôle d’intermédiaire entre l’occident et le monde arabe et coopère de plus en plus avec le Caucase en matière énergétique à l’heure où les problèmes de dépendance énergétiques deviennent catastrophique.

Enfin, est-ce que l’intégration de la Turquie ne consoliderait-elle pas la démocratie comme cela a déjà été le cas dans l’UE ?
D'ailleurs, je dirais que la Turquie a déjà un pied dans l'UE si on en considère les prêts européens d'aide de pré-adhésion s'élevant à plus de 550 millions d'euros aujourd'hui.


2. La question de la Russie
Le débat est, une fois de plus, très houleux avec des critiques quant à sa démocratie et à ses méthodes expéditives.

L’URSS s’est toujours opposée à des actions européennes (plan Marshall,…) et garde encore une rancœur avec ses anciens «enfants» (Ukraine,…). A ce sujet, l’entrée dans l’UE de certains pays ayant appartenu à l’ex-bloc soviétique, pourrait être assimilé à une provocation de l’Europe envers la Russie. Pour cette raison, de nombreux responsables souhaitant maintenir de bonnes relations avec la relation, se sont rangés à la volonté de la Russie. Les limites de l’Europe serait-elle au-delà de la politique, devenu un rapport de force ?
En tout cas, si la Russie demandait à devenir membre de l’UE, les limites pourrait être repoussées jusqu’au Pacifique !

Pour revenir aux relations difficiles, on peut encore évoquer les relations tendues entre la Russie et la Turquie. On a très bien remarqué l’hostilité russe vis-à-vis de la volonté d’adhésion de la Turquie lors des référendums de 2004 de l’ONU à Chypre. Réciproquement, l’entrée de la Russie dans l’UE serait également très mal vue par la Turquie.


Une alternative a été remise sur le tapis par M. Sarkozy le 5 mai 2009: un partenariat avec la Turquie et la Russie. Évidemment les enjeux d’un tel partenariat sont commerciaux mais surtout énergétique.
Si un partenariat économique et de défense pourrait intéressant la Russie (et inquiéter les États-Unis), la Turquie a, quant à elle, immédiatement (le 12 mai) rejeté l’idée d’un tel partenariat, n’acceptant aucune alternative à l’adhésion européenne.

Finalement on retrouve la question centrale du :
"Qu’est-ce que l’Europe ?"
La construction européenne est-elle une utopie basée des valeurs mortifères et une natalité très basse ? Est-ce un simple marché économique ? Pour quelles frontières ? Est-ce avant tout une culture occidentalo-chrétienne avec des frères membres et des amis ? Ou enfin est-ce « uniquement » un projet de paix ?



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