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vendredi 2 octobre 2009

La reprise de l’économie?


Selon l’OCDE, 85% des pays ont été en récession. Même si la crise est toujours là, il semblerait que nous avons atteint le plancher et que le pire est derrière nous.

La confiance revient si l’on en croit l’embellie des niveaux des marchés mondiaux depuis quelques semaines. Cela vient sans doute des signaux positifs révélés par la plupart des organisations monétaires mondiales qui ont rehaussé leurs prévisions en conséquent.

Ainsi le FMI a modifié ses prévisions à la hausse :
- Pour 2009 (-1,4%) contre (-1,3) auparavant,
- Pour 2010 +2,9% contre +2,5% auparavant.

L’OCDE également concernant les prévisions 2009 de certains pays (hormis l’UK par exemple):
- le Japon (-5,6%) contre (-6,8%) auparavant,
- l’Allemagne (-4,8%) contre (-6,1%) auparavant,
- la France (-2,1%) contre (-3%) auparavant.

D’ailleurs, on pourrait aussi se pencher sur les indicateurs composites de l’OCDE du mois de juillet 2009 (analysé en septembre 2009) qui permettent d’évaluer la santé économique et les perspectives de cycle de croissance :
- L’indicateur composite avancé pour la zone OCDE a augmenté en juillet 2009 mais reste inférieur au niveau de juillet 2008.
- On envisage dans certains pays une possible expansion : c’est le cas de l’Italie et de la France ; et une reprise pour la plupart des autres pays (avec quelques creux possibles, pour le Brésil par exemple).

La reprise est proche, si elle n’a pas déjà commencé.



Pourquoi parle-t-on de reprise ?
On retrouve plusieurs éléments fortifiants comme les plans de relance (qui vont bientôt arriver à leurs termes), ou les taux directeurs peu élevés ou encore les répercussions sur les prix (à la baisse) qui stimulent la consommation et la croissance.

Que remarque-t-on de concrètement positif dans le monde?


- En général, le crédit redevient plus accessible,
- La consommation des ménages repart ; via l'augmentation des dépenses de consommation et, cela, sans hausse substantielle des revenus,
- L’immobilier montre des signaux positifs ; avec par exemple la hausse des promesses de ventes de logement ou, plus récemment aux US, le retour des permis de construire,
- Les industries redémarrent ; grâce en particulier aux primes à la casse),
- La confiance revient: on le remarque via les hausses des bourses et le renouement des banques avec le profit.



La reprise, une illusion ?
L’OCDE pense que nous sommes sur la bonne voie même si le modèle de l'économie en W reste possible.

Le point le plus effrayant reste celui du chômage.
Pour l’instant, l’impact sur le chômage est relativement faible. Mais le chômage n’a pas encore atteint son plancher. Ainsi en 2009, l’Europe et les US vont sans doute dépasser les 10% de chômage, avant d’atteindre 11% en 2011 (selon les dernières estimations). On ne peut espérer une baisse du chômage qu’à partir de 2011-2012.
Certains pays sont d'ores et déjà particulièrement touchés: c’est le cas de l’Espagne (estimation Q4 2010 : 19,8%) et de l’Irlande (estimation Q4 2010 : 15,1%).

Les banques montrent des chiffres positifs car elles profitent des prêts à bas intérêt tout en augmentant le prix de leurs produits financiers.
Les signes positifs récents de l’économie risquent de pousser les banques centrales à prochainement augmenter les intérêts. La plupart des économistes pensent que les taux resteront inchangés jusqu’au premier semestre 2010, c'est-à-dire la période de résorption du chômage. La FED a implicitement confirmé que le taux directeurs US n’allait pas changer tout de suite. Mais cela ne pourra pas durer, en particulier à cause du risque d’inflation.
En résumé, nous avons, d’un coté, des intérêts faibles (banques centrales), de l’autre, une hausse des marges et des intérêts perçus (les banques). Au final, ce sont les clients et le marché qui financent et permettent cette reprise. On peut se demander si cette forme de spéculation ne pourrait pas pénaliser les autres secteurs.
Enfin, on estime que les banques européennes cachent encore 750 milliards de dollars d’actif pourris qui seront vraisemblablement dépréciés courant 2009-2010.
En France, on peut encore rajouter la moitié des LBO consentis par les banques (Leverage Buy Out: de façon simple, c’est l’achat à crédit d’entreprise où l’emprunt est remboursé sur le profit de l’entreprise acquise). Ils représentent environ 30 milliards d’euros d’en-cours considérés comme perdus.

Suite aux plans de relances, les déficits publics ont été très importants et pourraient devenir critiques pour certains pays. A terme, certains économistes pensent que cela pourrait créer de l’inflation mais la majorité juge ce risque comme minime.
En tout cas, les impôts vont très certainement être revus à la hausse d’ici quelques années pour permettre de compenser ces déficits.
En France, on peut se demander si cela se produira avant ou après les élections de 2012?
En Allemagne, on s’attend très prochainement à la mise en place d'une politique d’austérité pour gagner en compétitivité. C’est une des raisons expliquant pourquoi le gouvernement a déjà inscrit dans la constitution une limite maximale de déficit de 0,35% en 2016.
En Espagne, on annonce déjà des restrictions budgétaires.

La banque mondiale a montré son inquiétude entre la fin des effets des plans de relances et les politiques d’austérité qui montrent le bout de leur nez. Même le président de la banque centrale allemande craint le retour du bâton et annonce qu'un retour au niveau de 2008 n'arrivera pas avant 2013.

Enfin la prime à la casse française, incroyable dopant de l’industrie (au moins à moitié responsable du rebond de l'industrie), est prévue d’être abandonnée en 2011 tandis qu'elle est déjà terminée aux US et bientôt arrivée à terme en Allemagne.
Le bonus-malus écologique va lui aussi être restreint dès 2010. Tout ceci fera certainement chuter les ventes puis la production de voiture (et à fortiori celui du secteur des carrossiers, de la sidérurgie…).
Une des conséquences de la crise est l’effondrement de la rentabilité des entreprises type industrielles où l’on n’espère pas de rétablissement avant début 2010.


On remarque aussi une hausse du niveau d’épargne alors que le chômage augmente et que les salaires sont plus ou moins gelés ; ce qui pourrait à terme freiner la consommation.
Les investissements des ménages et des entreprises ne sont plus au rendez-vous, que ce soit un fait volontaire ou suite au durcissement des conditions de crédit.
Le prix du pétrole va bientôt augmenter, ce qui aura des effets sur le pouvoir d'achat des ménages.
Il semblerait que les ménages ne pourront donc pas prendre le relai après la fin des programmes de relance.


Les pays du Sud et de l’Europe de l’Est ont particulièrement souffert et ce n’est pas fini. On peut noter deux principales causes : la baisse de la demande des pays importateurs et les rapatriements de capitaux.
Ces fragilités ont été mises en avant par la Banque Mondiale.

L’Asie n'a pas trainé pendant la crise et réalise un redémarrage fulgurant. Bien sûr, cela risque d’entrainer une hausse des prix des matières premières et les pays de l’OCDE risquent d’avoir une belle surprise cet hiver lorsque la production repartira.
Cela dit, un des risques asiatiques mis en avant pourrait être son attractivité même. En effet, à cause de la hausse des intérêts et de leur forte rentabilité, des transferts de capitaux massifs vers l'Asie pourraient entraîner une inflation galopante. Reste à savoir comment les États asiatiques pourraient gérer ce problème s’il devait se présenter.



Quand sort-on de la crise ?
Certains penchent pour le retour à la croissance dès le 1e trimestre positif, d'autres lorsque les marchés financiers repassent au vert, d’autres dès le retour à l’emploi,…Bref, la question est délicate.

Et le G20 de Pittsburgh? Tous les pays sont d’accord sur les points à débattre, mais ne les placent pas au même niveau. Et pour cause, nous n’avons pas tous les mêmes problèmes, ni les mêmes économies et encore moins les mêmes besoins.
Entre le détournement du G20 vers le dossier iranien et les discordances de base, c'est une vraie usine à gaz.

Il reste actuellement des risques comme celui des cartes de crédits, de l’immobilier commercial aux US ou encore des LBO. Toutefois, il faut avouer que les derniers signes sont très encourageants et espérons cela continuera.
  • Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie, pense que d’ici quatre ans, nous nous serons remis.
  • Daniel Cohen, éminent économiste français, a annoncé que cette crise n'est pas la dernière mais juste la première du XXIe siècle.
  • Thomas Palley estime qu'il existe des signes forts d'un probable deuxième plongeon: Destruction d'emploi, chute des ventes automobiles (fin de la prime à la casse), des modèles économétriques discutables (pensée unique), une augmentation de l'épargne pour rembourser ses dettes (désendettement), la future contraction des dépenses publiques et le déficit commercial.

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